Le niveau d’endettement des ménages marocains, qui s’établit à 30 % du produit intérieur brut (PIB), «illustre une situation de fragilité économique inquiétante», selon le rapport «Finance Africa 2023» de la Banque européenne d’investissement (BEI), consulté par Barlamane.com. Malgré «des indicateurs qui restent inférieurs aux moyennes observées dans les économies émergentes et avancées, ce niveau d’endettement souligne les limites des mesures adoptées pour préserver le pouvoir d’achat des ménages face aux vagues successives d’inflation», notent les conclusions de la BEI, corroborées par le dernier rapport sur la stabilité financière de Bank Al-Maghrib, la Banque centrale marocaine.
Les deux textes tracent un tableau accablant des conditions économiques actuelles sous le gouvernement de Aziz Akhannouch. «En effet, les ménages dont le revenu mensuel se situe entre 4 000 et 10 000 dirhams, représentatifs de la classe moyenne marocaine, subissent une pression financière croissante, les contraignant de plus en plus à contracter des emprunts pour financer leurs dépenses courantes, telles que le logement, l’éducation, et les soins de santé», a-t-on noté.
La structure de l’endettement présente des risques majeurs, notamment en ce qui concerne la dépendance accrue de certaines catégories professionnelles, comme les fonctionnaires et les salariés du secteur privé, qui représentent 67 % des bénéficiaires des crédits avec des taux d’endettement de 42,7 % et 32 %, respectivement. Cette concentration de l’endettement parmi des groupes à revenu relativement fixe «expose ces segments à un risque accru de surendettement, surtout en l’absence de mécanismes robustes de protection sociale et de mesures de soutien ciblées», a-t-on précisé.
Les mesures proposées par le gouvernement dans son budget 2025 «semblent manquer de portée et de profondeur pour répondre aux véritables enjeux structurels de la précarité économique des ménages, et ne semblent pas inclure de dispositifs concrets pour réduire la dépendance au crédit ou pour limiter l’exposition aux fluctuations économiques», avait déploré l’opposition, début novembre. Selon le PPS, «l’absence de politiques économiques cohérentes et de réformes structurelles adaptées risque de transformer ce niveau d’endettement en un cercle vicieux, aggravant la vulnérabilité des ménages et amplifiant les disparités économiques.» Quant à l’USFP, il a indiqué que le gouvernement «semble opter pour des solutions de court terme qui, bien qu’elles puissent fournir un soulagement temporaire, n’apportent aucune réponse aux besoins fondamentaux de stabilité financière à long terme pour les ménages marocains.»