«Tous les actes d’enquête ont été épuisés (…) sans apporter les preuves requises pour une condamnation», alors que les faits seront prescrits le 17 août 2020, a annoncé la procureure Eva-Marie Persson.
Faut-il y voir un premier pas vers la fin d’un feuilleton judiciaire qui dure depuis près d’une décennie ? Le parquet suédois a annoncé, mardi 19 novembre, l’abandon des poursuites pour viol visant Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks accusé par une femme de l’avoir agressée en Suède en 2010.
Si la partie civile ne fait pas appel de cette décision, près de dix années de procédure se concluront par un constat d’échec pour la justice suédoise qui ne sera pas parvenue à faire comparaître Julian Assange, réfugié depuis 2012 et jusqu’à son arrestation en avril à l’ambassade d’Équateur à Londres.
Âgée d’une trentaine d’années à l’époque des faits, en août 2010, la plaignante suédoise accuse l’Australien d’avoir engagé un rapport sexuel pendant qu’elle dormait et sans préservatif, alors qu’elle lui avait refusé tout rapport non protégé à plusieurs reprises.
Julian Assange, qu’elle avait rencontré à Stockholm lors d’une conférence de WikiLeaks, a toujours nié les faits de viol, et soutient qu’elle était consentante et avait accepté de ne pas utiliser de préservatif.
L’enquête suédoise avait été classée une première fois en 2017 faute d’une sortie du mis en cause de l’ambassade équatorienne avant la prescription des faits, mais rouverte en mai 2019 après son interpellation par la police britannique, le 11 avril.
Détenu dans une prison de Londres, Julian Assange est sous la menace d’une extradition vers les États-Unis où il encourt une peine allant jusqu’à cent soixante-quinze ans d’emprisonnement pour espionnage.
Les autorités américaines lui reprochent d’avoir mis en danger certaines de leurs sources au moment de la publication, en 2010, de 250 000 câbles diplomatiques et d’environ 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.
Le rapporteur de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la torture, Nils Melzer, a fait part de son inquiétude quant à l’état de santé de M. Assange, affirmant que «sa vie était désormais en danger» et son père, John Shipton, a affirmé au début de novembre que son fils «risquait de mourir en prison».
Lors d’une audience devant la justice le 21 octobre à Londres, Assange est apparu confus et bredouillant. L’audience sur la demande d’extradition doit se tenir en février.