Plusieurs membres du PJD ont regretté dimanche à mots couverts «la volonté d’Abdel-ilah Benkiran de diriger le PJD avec ses seuls soutiens».
Dans la douleur, le PJD s’est doté dimanche d’une équipe dirigeante empruntée à l’aile dure et décidé à capitaliser sur les déboires du courant consensuel, lors d’un congrès sans véritable enjeu. «Nous sommes encore sous le choc. C’est comme si le parti était en réanimation, mais nous ambitionnons de le ressusciter», avait promis Amina Maelainine. Promesse non tenue : le PJD repêche des personnalités rejetées par urnes, traînant derrière elles la réputation d’être de «grandes gueules», populistes et plutôt autoritaires.
Le PJD avait convoqué un congrès extraordinaire «fin octobre» afin de choisir une nouvelle direction après la démission collective du secrétariat général au lendemain de la débâcle électorale.
Réunis à Rabat; les conciliables ont reconduit leur ex-figure de proue Abdel-ilah Benkiran, avant de lui adjoindre une équipe composée d’une viongtaine de figures, dont les controversés El Habib Choubani et Amina Maelainine, mais aussi Mustapha El Khalfi, Reda Benkhaldoun, Nabil Cheikhi et d’autres.
Le but étant désormais de faire la chasse à l’ancien bureau démissionnaire, comme l’a promis Amina Maelainine, alors que M. Benkiran, après quatre ans loin de la politique, cherche désespérément à refaçonner un parti émietté.
La victoire de Benkiran est stalinienne : 1 112 voix, soit 89 % des 1 250 inscrits. Face à lui, ses deux principaux rivaux ont essuyé une large déroute : Abdelaziz Omari, ancien maire de Casablanca a obtenu 231 voix. Quant à Abdellah Bouanou, chef sulfureux du groupe parlementaire du PJD, il n’a reçu que 15 voix.
Au pouvoir depuis dix ans, sans jamais mettre en œuvre les réformes qu’il a promis, le PJD s’est effondré aux législatives, passant de 125 sièges à 13 sur un total de 395. L’ampleur inattendue de la défaite s’est confirmée avec les élections locales, tenues le même jour: le parti a dégringolé de 5 021 élus à 777 aux communales et de 174 sièges à 18 aux régionales.
Il a perdu ainsi le contrôle des grandes villes qu’il dirigeait, comme Rabat, Marrakech, Fès ainsi que les deux grands pôles économiques de Casablanca et Tanger.