Le Point reprend une interview du commandant de l’opération antijiahdiste Barkhane, le général Laurent Michon à l’AFP.
Concernant l’intervention militaire française, le général Michon a déclaré : « Nous sommes en train de terminer la première phase, à savoir le désengagement de l’extrême nord malien (Tombouctou, Kidal, Tessalit), en coopération à la fois avec les autorités maliennes, la Minusma (mission de l’ONU au Mali) et nos amis européens associés au sein de la force Takuba »
Sur les sujet de discorde avec Bamako relatifs aux contacts avec la société paramilitaire russe Wagner, le commandant de l’opération Barkhane a précisé : « Il ne faut pas tomber dans la situation qu’on a connue en République centrafricaine, où l’EUTM (mission de formation européenne) formait des forces armées qui étaient ensuite employées par Wagner, avec le mode d’action que l’on connaît et son lot d’exactions ».
Quant à la menace jihadiste en bande sahélo-saharienne, que la France la combat depuis près de 9 ans, le général a distingué l’EIGS du JNIM, beaucoup plus nocif et qui doit, selon ses propos, être combattu par les pays africains concernés : « L’EIGS (Etat islamique au grand Sahara) est en recomposition après l’élimination de certains chefs. Les chefs subalternes sont en train de discuter pour rebâtir une hiérarchie. C’est du temps gagné pour les forces maliennes et nigériennes. Le JNIM (nébuleuse jihadiste affiliée à Al-Qaïda) est beaucoup plus dangereux. Il est capable d’imposer une solution acceptable pour les populations dans le centre du Mali. Son enracinement durable, son recrutement endogène dans les zones délaissées est une stratégie qui fonctionne et qui descend vers le sud, dans le nord de la Côte d’Ivoire, le nord du Bénin, le nord du Ghana.
C’est bien cette contagion, combinée aux progrès des forces locales, qui a motivé la décision de transformer Barkhane. C’est un processus assez lent qui peut être entravé, mais ce n’est pas à Barkhane partout de lutter contre cela. C’est aux pays eux-mêmes ».
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