La documentation scientifique du vaccin Spoutnik V, actuellement en phase 3 d’essais cliniques, sera publiée sous peu, promettent les chercheurs russes.
La pandémie a fait plus de 1,2 million de morts dans le monde, depuis le début de la crise sanitaire partie de Chine, selon le dernier bilan établi, mardi 10 novembre, par l’Agence France-Presse (AFP) à partir de sources officielles.
Les Etats-Unis sont les plus touchés, tant en nombre de morts que de cas, avec plus de 238 000 décès, selon le comptage de l’université Johns-Hopkins. L’Espagne a, elle, recensé mardi plus de 400 décès liés à la Covid-19 en vingt-quatre heures, chiffre le plus élevé de la deuxième vague, mais l’épidémie est entrée dans une phase de «stabilisation nette», selon l’épidémiologiste Fernando Simon, directeur du Centre de coordination des urgences sanitaires du ministère de la santé.
La Russie revendique 92 % d’efficacité pour son vaccin
Le créateur d’un vaccin russe contre la Covid-19 a assuré que celui-ci était efficace à 92 %, quelques jours après l’annonce du développement par l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech d’un vaccin efficace à 90 %.
Comme ses concurrents, c’est dans un communiqué que le fonds souverain russe RDIF et l’institut de recherche Nikolaï Gamaleïa ont vanté l’efficacité du vaccin baptisé «Spoutnik V» (V comme vaccin), actuellement en phase 3 d’essais cliniques randomisés en double aveugle – une démarche expérimentale utilisée dans plusieurs disciplines – auprès de 40 000 volontaires.
« L’analyse statistique de 20 cas confirmés de la Covid-19, cas répartis entre personnes vaccinées et celles ayant reçu le placebo, indique un taux d’efficacité de 92 % pour le vaccin Spoutnik V après une seconde dose », selon ce document.
Alors que la Russie s’est montrée jusqu’ici avare concernant la documentation scientifique de ce vaccin vanté par le président Vladimir Poutine, les créateurs du Spoutnik V ont assuré mercredi que la recherche serait publiée sous peu « dans l’une des principales revues médicales du monde et évaluée par des pairs ». Le RDIF a aussi assuré qu’il fournirait toutes les données nécessaires aux régulateurs nationaux des pays désireux d’acquérir le Spoutnik V.
L’UE veut créer une agence dédiée pour affronter les prochaines crises sanitaires
Alors que les Vingt-Sept font face en rangs dispersés à la pandémie, Bruxelles a dévoilé, mercredi, son projet d’«Union de la santé» pour donner à l’UE les moyens d’affronter les futures crises sanitaires, notamment en créant une nouvelle agence aux pouvoirs étendus.
«Face aux urgences sanitaires, nous devons rapidement déployer les réponses les plus avancées, médicales ou autres, nous devons connaître les innovations biomédicales pertinentes, nous devons avoir les capacités de développer et stocker les composants essentiels», a déclaré la commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, lors d’une conférence de presse.
«C’est un bouleversement complet pour notre préparation stratégique, notre capacité à anticiper les menaces, à renforcer la réaction commune de l’UE.»
Cette nouvelle institution européenne – la Health Emergency Response Authority (HERA) – fera l’objet d’un projet formel l’an prochain, pour une entrée en service attendue en 2023, avait précédemment rapporté Mme Kyriakides. Selon son équipe, il s’agirait de mettre sur pied l’équivalent de la puissante Autorité pour la recherche et développement dans le domaine biomédical (Barda) aux Etats-Unis, qui dépend du ministère américain de la santé et dispose de moyens colossaux pour collaborer avec les laboratoires.
Premières vaccinations début 2021 ?
Ces annonces de vaccins efficaces continuent de susciter un immense espoir. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) salue «une innovation et une collaboration scientifique sans précédent».
- Les Américains, qui ont précommandé 100 millions de doses, affirment que les vaccinations pourraient commencer avant la fin de l’année. Les Européens, qui ont préacheté 200 millions de doses et signeront « dans les prochains jours » pour 100 millions de doses supplémentaires, espèrent pouvoir en disposer début 2021.
- Le Canada a annoncé de son côté avoir pris une option sur 56 millions de doses. Ces précommandes s’ajoutent aux 20 millions de doses déjà réservées par le gouvernement, a confirmé un porte-parole du ministère des services publics et de l’approvisionnement.
Confinements et couvre-feux s’étendent
De nombreux pays d’Europe, où plus de 13 millions de cas ont été enregistrés, sont soumis à divers niveaux de confinement ou de couvre-feu. Le Portugal, en état d’urgence sanitaire depuis lundi, a instauré un couvre-feu dans la majeure partie du pays, tout comme en Roumanie.
La Hongrie impose depuis mercredi un confinement partiel censé durer au minimum trente jours : les rassemblements sont désormais interdits, les restaurants fermés, les événements culturels et de loisirs annulés, et le couvre-feu est étendu de 20 heures à 5 heures.
Près de 2 000 personnes ont manifesté mercredi devant le siège du gouvernement en Ukraine contre de probables nouvelles restrictions liées à la pandémie de coronavirus, qui placeraient de nombreux commerces dans une situation difficile.
L’Ukraine envisage de fermer les commerces non essentiels pendant les week-ends, ne laissant ouverts que les magasins alimentaires et les pharmacies. L’annonce de ces nouvelles restrictions, qui pourraient entrer en vigueur dès mercredi, a provoqué une manifestation devant le siège du gouvernement, où 2 000 personnes se sont réunies.
En Italie, la situation épidémique est « largement hors de contrôle », selon des médecins qui réclament un confinement total.
En Angleterre, le gouvernement a annoncé mercredi qu’il permettrait pendant quelques jours aux étudiants de rentrer chez eux à la fin du confinement, début décembre, afin qu’ils puissent fêter Noël en famille. Instauré le 5 novembre pour quatre semaines, le confinement doit s’achever le 2 décembre.
Hors d’Europe, le Liban a annoncé un confinement «total» du 14 au 30 novembre, assorti d’«exceptions» pour «le secteur de la santé et d’autres secteurs vitaux».
Au Brésil, Jair Bolsonaro continue de minimiser la pandémie
Le président brésilien, Jair Bolsonaro, a de nouveau minimisé mardi la pandémie de la Covid-19. «Aujourd’hui, il n’y en a que pour la pandémie, il faut en finir avec ça. Je regrette les morts, je les regrette. Nous allons tous mourir un jour, tout le monde ici va mourir. Ça ne sert à rien de fuir cela, de fuir la réalité. Il faut arrêter d’être un pays de pédés. Nous devons nous battre la tête haute, lutter», a lancé le président controversé lors d’un discours sur le tourisme, au palais du Planalto, siège du gouvernement fédéral, à Brasilia.