Dans la période de doute que traverse actuellement l’Algérie concernant son devenir politique et institutionnel, à laquelle s’ajoute le contexte du soulèvement anti-autoritaire qu’elle traverse, l’onde de choc occasionnée par les déclarations de Amar Saâdani se propage. Les dirigeants attachés aux formes anciennes de l’idéologie du FLN concernant le Sahara ont entamé leur prise de conscience.
Retentissants, les propos de Amar Saadani sur la marocanité du Sahara ont secoué l’Algérie. «Le Sahara est historiquement rattaché au Maroc» : Quelques mots ont suffi à l’ordre gérontocratique dans le pays, incapable de gérer les crises d’une société en mal de perspectives et les tensions liées à la succession de Abdelaziz Bouteflika, pour exhaler les vapeurs de sa bile contre l’ancien président de l’Assemblée populaire nationale algérienne (APN). Ce dernier, en plus de maintenir que le Sahara est marocain dans deux sorties largement médiatisées, a reconnu que le soutien logistique et matériel accordé au polisario, en termes d’armes, d’aide alimentaire, budgétaire et logistique, devient une charge intraitable, d’autant plus lourde à porter que l’Algérie est confrontée à une grave impasse économique et politique.
L’appareil militaro-sécuritaire algérien verrouille non seulement l’appareil d’État et de la gestion du pays, mais aussi la vérité sur le Sahara marocain. Tandis qu’il affronte actuellement les conséquences de son refus depuis des années de toute transition ou alternance qui redonnerait de l’espoir à une population désabusée, il trouve du mal à donner la réplique aux déclarations de Amar Saadani, délibérément en retrait par rapport aux thèses officielles.
«Mes déclarations sont l’expression de mes convictions personnelles et ma position sur la marocanité du Sahara est de notoriété publique, connue en général et en particulier et elle n’a strictement rien de nouveau. J’ai eu déjà l’occasion de l’exprimer quand j’étais responsable et je l’exprime aujourd’hui en tant que simple citoyen», a déclaré le 22 octobre l’ex-secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, qui fut également ex-président de l’Assemblée populaire nationale algérienne, pour asseoir ses premières déclarations.
C’est dans ce contexte de vacance structurelle de la présidence en Algérie qu’un récit désespéré, tournant en boucle par médias, émissions et relais interposés, tente de graver certains codes narratifs. Sa trame se décline comme suit : les déclarations du concerné n’ont «aucun impact sur la position officielle» algérienne, il n’y a pas de solution en dehors de celle qui garantit «le droit à l’autodétermination» à travers un référendum comme le prévoit l’ONU, Saâdani est un «traître à la solde des Marocains».
Existe-t-il dans au sommet de l’État algérien deux pôles de pouvoir concurrentiels divisés sur la question marocaine ? Dans les faits, l’influence de l’appareil sécuritaire s’en trouve réellement affaiblie depuis l’éclatement, en février, des contestations qui réclament le départ de l’élite politico-militaire. L’Algérie, meurtrie par les bouleversements géopolitiques, économiques et sociaux consécutifs au contexte régional troublé, ne parvient plus à afficher un soutien sans faille à l’entité polisarienne. Le délitement accéléré du mouvement ont engagé l’Algérie dans une course contre la montre pour limiter les incidences sur la gestion des questions sécuritaires, économiques et diplomatiques pour lesquelles la coopération régionale est un axe primordial.
La diplomatie marocaine, dont la position était déjà renforcée au sein des Nations unies par sa proposition de règlement du différend par statut d’autonomie, alors que les milieux dirigeants algériens, dont l’influence a décru en étendue et en intensité, adoptent doucement une nouvelle position axée sur l’assouplissement de la position sur le dossier de Sahara. Le Maroc jouit d’un soutien considérable de la part de la France et des États-Unis, tous deux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, chargé de faire avancer une issue à ce conflit.
Remontée contre un système incapable de l’insérer dans le tissu économique et social, désabusée par l’absence de projections susceptibles d’ouvrir des perspectives, lasse du creusement des inégalités sociales et par l’étendue de la corruption, la jeunesse algérienne semble à la dérive.






