Un député indépendant a publié le mois dernier des documents indiquant que le Premier ministre détenait des actions dans des entreprises qui avaient remporté des accords avec l’État.
Le Premier ministre tunisien Elyes Fakhfakh a déclaré lundi qu’il procéderait à un remaniement ministériel dans les prochains jours au milieu d’une dispute avec le parti islamiste modéré Ennahda, dans ce qui semble être une étape pour destituer les ministres d’Ennahda au sein du gouvernement.
Ennahda a déclaré lundi qu’il souhaitait un nouveau gouvernement, ajoutant que la coalition actuelle avait perdu sa crédibilité en raison d’allégations de conflits d’intérêts impliquant M. Fakhfakh.
Un député indépendant a publié le mois dernier des documents indiquant que le Premier ministre détenait des actions de sociétés qui avaient remporté des contrats d’une valeur de 15 millions de dollars (55 millions de dirhams) de l’État.
M. Fakhfakh a nié avoir fait quoi que ce soit de mal ou de corrompu. Il a promis de démissionner si les enquêteurs constataient un acte répréhensible.
Avec le remaniement ministériel annoncé par M. Fakhfakh, Ennahda pourrait se retrouver sans pouvoir pour la première fois en six ans. Ennahda a été le principal acteur de la plupart des gouvernements après la révolution de 2011 qui a mis fin au règne de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et déclenché le soulèvement arabe.
Contrairement aux Frères musulmans d’Égypte, Ennahda a évité les tentatives de ses opposants de l’isoler, puis a partagé le pouvoir avec des concurrents laïcs en 2014.
La décision de M. Fakhfakh va aggraver le conflit politique dans le pays, qui connaît une situation tendue au Parlement et au gouvernement qui vient de se former il y a cinq mois.
Au moins cinq partis tunisiens prévoient de lancer un vote de défiance à l’encontre du président du Parlement, Rached Ghannouchi, accusé d’intérêts partisans.
M. Fakhfakh a vivement critiqué Ennahda, affirmant que ses appels violaient la solidarité gouvernementale et continuaient de fournir une scène de crise uniquement pour son intérêt partisan.