Le président du port de Huelva, Alberto Santana, a exprimé, ce mercredi, sa vive “inquiétude” à la suite de la décision de la compagnie maritime Maersk, l’un des grands opérateurs mondiaux du trafic de conteneurs, d’effectuer une escale au port de Tanger, au Maroc, plutôt qu’à Algeciras (Cadix) pour le service MECL reliant l’Inde à l’Amérique du Nord. Cette décision a été motivée, selon Santana, par des “conditions plus avantageuses” offertes par le port marocain. Le responsable portuaire a également déploré un manque de “sécurité juridique” pour les entreprises en Espagne, soulignant l’urgence d’y remédier “dans les plus brefs délais”.
M. Santana a émis ces remarques lors de la conférence de presse dédiée à l’examen des résultats de l’exercice 2024 et à la présentation des projets futurs du port de Huelva. Il a précisé que “l’univers de la transition énergétique évolue très rapidement”, et que les entreprises “choisissent de s’implanter là où les conditions sont les plus favorables”. À cet égard, il a mis en évidence que le Maroc “offre de meilleures conditions fiscales” et que, contrairement à l’Europe, “les émissions de CO2 ne sont pas pénalisées” au Maroc, ce qui permet aux entreprises de “choisir entre payer ou non, tout en bénéficiant du même service”. Maersk a ainsi opté pour Tanger.
Concernant la question des “garanties” et de la réactivité dans l’implantation des entreprises, Santana a affirmé que le port de Huelva avait respecté ses engagements, mais a insisté sur le fait que “les entreprises ne peuvent attendre indéfiniment”. Selon lui, “ce qui se passe en Espagne, et je parle d’Espagne, c’est qu’il n’y a pas de garanties”. Il a ajouté que, par exemple, cette situation ne concerne pas Moeve (anciennement Cepsa), “qui est déjà implantée au port de Huelva”. Il a donc appelé les autorités à agir “rapidement” et a précisé qu’il ne s’agissait pas spécifiquement de Maersk, mais d’une question générale.
M. Santana a également souligné que le port de Huelva constitue “le meilleur emplacement pour l’hydrogène vert, le méthanol et l’ammoniac vert en Espagne”, mettant en avant plusieurs atouts de la région, notamment un port industriel adapté à ces nouveaux carburants, l’une des provinces européennes avec le plus grand nombre d’heures d’ensoleillement (élément crucial pour l’hydrogène vert) ainsi que sa position géographique éloignée de la Russie, essentielle pour assurer une indépendance énergétique. Il a ajouté que “nous avons un projet national majeur en matière énergétique, et quand je parle du marché, je parle de toute l’Europe”.
Le président du port a insisté sur la nécessité d’agir “avec agilité” et de garantir “la sécurité juridique” pour que les entreprises puissent déployer leurs projets en toute confiance. “Actuellement, cela ne se produit pas”, a-t-il constaté, soulignant que cette situation résulte des “alliances au niveau gouvernemental”, où plusieurs partis gouvernent ensemble, chacun exerçant des pressions de différents côtés.
Infrastructures peu idoines
De son côté, Alfonso Peña, directeur du port de Huelva, a ajouté que, au-delà de l’insécurité juridique, un autre facteur limitant réside dans les infrastructures, notamment la capacité insuffisante du réseau électrique national pour supporter les besoins énergétiques de ces projets industriels à grande échelle.
Enfin, le responsables espagnol a évoqué les “concessions de terrain” attendues en 2025, rappelant que le port de Huelva avait annoncé il y a deux ans son objectif de dépasser les six millions de mètres carrés de concessions, un objectif qu’il estime désormais réalisable, notamment grâce à la concession d’Alter Enersun, qui porte sur deux millions de mètres carrés et est en cours de procédure d’adjudication.