Six mois de débats pour l’un des plus grands scandales sanitaires français : le procès-fleuve du Mediator, un médicament des laboratoires Servier tenu pour responsable de centaines de morts et retiré du marché fin 2009, s’ouvre aujourd’hui à Paris.
Utilisé par cinq millions de personnes en France pendant les 33 ans de sa commercialisation, le Mediator, présenté comme un adjuvant au régime du diabète mais largement prescrit comme coupe-faim, est à l’origine de graves lésions cardiaques et pourrait être responsable à long terme de 2.100 décès, selon une expertise judiciaire.
C’est un procès pénal hors norme donc qui verra comparaître jusqu’à fin avril 2020 le groupe pharmaceutique et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
S’il a été retiré du marché français le 30 novembre 2009, ce produit-phare des laboratoires Servier n’a fait les gros titres qu’un an plus tard. L’annonce par l’Afssaps [NDLR : devenue ANSM après le scandale] « d’au moins 500 morts » liées à ce médicament, avait provoqué un coup de tonnerre.
Deux informations judiciaires ont été ouvertes à Paris. Celle pour « homicides et blessures involontaires » se poursuit toujours mais les cas de 91 victimes, dont quatre sont décédées, pour lesquelles les expertises sont terminées et ont conclu à un lien de causalité certain entre les pathologies et la prise de Mediator, ont été joints au principal volet du procès, celui pour « tromperie aggravée ».
Les victimes « veulent comprendre comment on a pu laisser ce médicament aussi longtemps sur le marché », souligne Me Charles Joseph-Oudin, qui représentera 250 parties civiles à l’audience.
Onze personnes morales et douze personnes physiques sont jugées au total devant le tribunal correctionnel.