Le propriétaire du journal, Toufik Bouachrine, évoque des raisons économiques, mais les salariés, qui ont été «pris de court» lors de l’annonce, fustigent un «énorme coup à leurs droits».
Le propriétaire du journal Akhbar al-Yaoum, Toufik Bouachrine, arrêté le 23 février 2018 et incarcéré la prison de Casablanca, condamné notamment pour «traite d’êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol», a annoncé, dimanche 14 mars, que le quotidien qu’il a lancé en 2009 va cesser de paraître.
Le groupe Média21, propriétaire de Akhbar al-Yaoum, a assuré dans un post sur Facebook que la suspension de la parution du journal était dictée par des raisons économiques, mais l’ancien rédacteur en chef du journal, Younes Masskine, évoque «un sabotage intérieur» et «des problèmes de trésoreries que le journal pouvait surmonter», attendu que ses dirigeants «avait suffisament de ressources en banque pour garantir la prochaine paie des salariés du journal et assurer sa propre pérennité».
Le bureau syndical du journal dénoncé dans un communiqué cette décision «incompréhensible», rendue publique «soudainement et sans préavis». Il évoque «de faibles excuses qui prive les journalistes de leurs droits, et qui se sont sacrifiés pendant près de trois ans pour que le quotidien continue de paraître.»
Le bureau syndical indique que les forces vives du journal condamnent la décision soudaine de le fermer. Les employés d’Akhbar al-Yaoum «se sont vus promettre qu’ils seraient payés», mais «leurs arriérés de salaires ainsi que leur statut administratif auprès de la CNSS n’ont pas été réglés en raison de la mauvaise gestion de l’équipe dirigeante». Le bureau note également le refus d’Asma Bouachrine, «de s’asseoir à la table de dialogue afin de trouver une solution pour le paiement de l’intégralité des traitements des salariés de l’entreprise, sachant que elle n’a pas communiqué avec les travailleurs depuis qu’elle a pris la direction du journal» et demande aux autorités concernées «de soumettre les finances de Media 21 à un audit financier afin de déceler les déséquilibres administratifs et financiers qui ont mis plus de 50 familles en situation de précarité».
Le quotidien qui peine à verser les salaires, à se conformer au remboursement des créances, à communiquer la situation de ses comptes ou encore à renforcer ses fonds propres, avait échoué à élargir son audience et sa diffusion. Il souffre, depuis plusieurs années, de la baisse des recettes issues des ventes en kiosques et des abonnements, et des revenus publicitaires.