Alors que le Parlement a ouvert les discussions sur les axes de la réforme du régime spécifique des députés et des ministres, souvent décrié comme injustifiable, certains partis politiques réclament une mesure symbolique: la suppression définitive de ces régimes. Le PJD s’y oppose et tient à la pérennité du régime de fin de mandat législatif.
Des retraites à vie pour les parlementaires ! Ces mots sonnent mal. Mardi 13 octobre ont commencé au sein du Parlement les discussions sur les axes de la réforme du régime spécifique des députés et des ministres. Alors que la Fédération de la gauche démocratique (FGD) et d’autres partis réclament la suppression de ce régime, le PJD (Parti justice et développement, islamiste) s’y oppose fermement, au point que son représentant parlementaire en chef, Driss El-Azami a exprimé sa colère contre « le populisme » des réseaux sociaux, lesquels ont ridiculisé ses propos et ses menaces de les museler.
Ces dernières semaines, ont fleuri sur le Web marocain articles ou posts dénonçant « les privilèges » des députés, surtout qu’il y a nombre de parlementaires titulaires d’autres mandats électoraux ou qui siègent au conseil d’administration de plusieurs entités publiques et qui cumulent les rémunérations et indemnités afférentes à ces mandats ou fonctions avec leur indemnité parlementaire de base, déjà énorme. N’osant prendre aucune résolution franche, assiégée de velléités opportunistes et de défaillances dans l’action, le PJD défend le cumul des mandats et des indemnités et emploie ses forces dans des insipides et sempiternelles querelles de ménage au sein des institutions de l’Etat.
Alors que la situation financière de l’État n’est guère reluisante, les avantages financiers liés au mandat parlementaire ont souvent été au cœur des débats. Certains députés du PJD cumuleraient primes et indemnités, rouleraient en plusieurs voitures de fonction, occuperaient, aux frais du contribuable, des adresses prestigieuses et bénéficieraient d’un art de vivre qui leur était étranger avant quelques années.
De plus, les parlementaires jouissent d’une indemnité de fin de mandat, très confortable. Celle-ci est souvent assimilée à un véritable «parachute doré». Ils bénéficient également de compensations financières au cours de leur mandat législatif. Des considérations pécuniaires dont les islamistes s’attachent à tout prix, alors qu’une foule d’industriels et de commerçants, de travailleurs et de particuliers, se trouvent à cause du coronavirus sans salaires, sans bénéfice, ou même ont réalisé des pertes, et personne au Parlement n’a songé à les subventionner.
Le PJD, dont la plupart des membres dans les cercles officiels bornent à leurs mandats toutes les aspirations de leur destinée, multiplie généreusement les dépenses sans y regarder de très près, et sans annoncer aucune recette correspondante. Alors qu’il cherche à garantir à ses ministres et députés une retraite dorée; les internautes ne manquent pas de faire remarquer aux Chambres combien ce procédé était dangereux et condamnable.
Ce n’est déjà plus la période des vaches grasses pour les finances publiques, et alors que le gouvernement a dû chercher de nouveaux moyens d’obvier à des insuffisances financières qui peuvent porter atteinte au fonctionnement des services publics, le PJD ne vote pas seulement des lois coûteuses sans se mettre en peine de procurer au budget des ressources en quantité égale, mais il a augmenté le traitement des députés alors que les caisses publiques souffrent des affres de la récession économique et du coronavirus.
Cela est intolérable, c’est que le parti islamiste qui prône la transparence veut vivre à tout prix de la politique, et, au lieu de s’adresser ouvertement aux sentiments généraux, aimant à s’abriter derrière des transactions particulières et des manèges à huis-clos.