Trois ans après le lancement de +Nidae Al Jihad+,( Appel au Jihad), certain marocains ont répondu à l’invitation au combat dans les rangs de ce qui est appelé, l’organisation de l’+Etat Islamique en Irak et au Cham (Daech)+.
C’est ainsi que plus de 1531 combattants, dont 226 anciens détenus islamistes ayant séjourné dans des prisons du Royaume, ont fait le déplacement en Syrie et plus de 176 individus sont retournés au Maroc.
Mais ce retour,ne sert-il pas les desseins de +Daech+ de redéployer ses éléments et d’ ‘’exporter la mort’’ vers les pays du départ, après les avoir préparé psychologiquement et militairement, ou, au contraire, il s’agirait d’une véritable »repentance de la chimère du +Califat+ » ?
Le chercheur en sciences politiques à l’université Mohamed V de Rabat, Abdelfattah Naoum, pense que les combattants marocains dans les zones de tension, en premier lieu, la Syrie, appartiennent à une seule et même formation mentale et psychologique, portée par l’incitation sectaire et extrémiste que maîtrisent et utilisent certains dirigeants du courant sunnite extrémiste en mettant à contribution des médias dans la région du Golfe.
Le chercheur marocain a expliqué à +barlamane.com+ que la plupart des gouvernements, dont le gouvernement marocain, permettaient le départ de ces « combattants » vers la Turquie puis vers la Syrie, pensant qu’il s’agit là d’une opportunité de se débarrasser de ces individus et, par la même occasion, éliminer le régime de Bachar Al Assad.
Une mobilisation internationale et régionale s’est en effet créée autour de cet objectif, pour des raisons purement géopolitiques, traitées par les médias tantôt comme le moyen d’instaurer la démocratie en Syrie, tantôt pour barrer la route à l’influence iranienne dans la région, pense l’universitaire marocain.
Mais, a-t-il cependant relevé, aucune des deux formules n’a connu de succès, bien au contraire, « les vagues d’extrémisme se sont multipliées et les combattants en Syrie se sont vite transformés en de véritables icônes sympathisant avec la pensée wahabiste extrémiste. »
Après avoir indiqué que la chute du régime de Bachar Al Assad ést devenue impossible, aux vues de ses répercussions dans la région, Abdelfattah Naoum, souligne que la question de la reprise en main de ceux qui retournent dans leurs pays devient ainsi plus inquiétante pour les gouvernements concernés.
De son côté, Fadel Thami, également chercheur en sciences politiques, affirme dans une déclaration à +barlamane.com+ que le retour des combattants marocains qui avaient servi dans les rangs de +Daech+ crée des menaces sécuritaires et idéologiques certaines, puisque ces combattants ont acquis une certaine expertise dans le maniement des armes, suite aux entraînements qu’ils ont subis chez cette organisation terroriste et aux habitudes qu’ils acquises de mener des opérations terroristes sur le terrain.
Ces individus ont également acquis, ajoute l’universitaire marocain, la capacité d’une grande mobilité et d’intrusion dans les milieux sociaux, où ils s’adonnent à l’embrigadement et la création de cellules sur le territoire marocain, tâche facilitée par l’encadrement idéologique et le lavage de cerveau auxquels ils ont été soumis dans les rangs de l’organisation terroriste +Daech+.
Et fadel Thami d’ajouter que les menaces sécuritaires et idéologiques amènent l’Etat à intensifier les mesures de sécurité pour faire face aux terroristes, notamment au niveau des aéroports, des zones frontalières et des mosquées, en plus du renforcement de la surveillance étroite de leurs mouvements.