Depuis quelques années, aucune institution n’a su assurer la mobilité de responsables écartés des carrefours du pouvoir comme le fait le secrétariat général du gouvernement (SGG). Dernier responsable choyé, l’ancien secrétaire d’État chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Khalid Samadi, réintégré au SGG hors du commun des circuits de décision, alors qu’il bénéficie déjà d’une retraite dorée.
Exit les longues procédures officielles, seuls les raccourcis officieux comptent. La situation de l’ancien secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Khalid Samadi, écarté après de dernier remaniement ministériel et «parachuté» dans le cabinet d’El Othmani, fait grincer des dents. Pour éviter un atterrissage rude avec fractures de gravité variée, il a préféré annoncé la nouvelle lui-même sur sa page Facebook pour anticiper le scandale de sa nomination.
Le cas particulier du PJD permet ainsi de repérer comment un groupe politique outrepasse les modalités de la concurrence pour permettre à ses fidèles d’accéder aux postes à responsabilité en pérennisant leur pouvoir. Les islamistes, qui prétendent incarner la politique «au sens noble du terme», sont englués dans la politique politicienne. Le «parachutage» dans le secrétariat général du gouvernement d’un protégé des ténors nationaux du parti de lampe, lui permet d’obtenir un poste et donc des revenus dans un pays où le chômage est endémique. Selon toute vraisemblance, la multiplication des commissions et des comités d’experts au sein du SSG ne sert qu’à légitimer les recompositions qui se font jour, au détriment des ressources décisionnelles et des ressources de légitimité.
Khalid Samadi, qui touche une retraite confortable à vie après son passage au gouvernement, est de ceux qui tirent leurs moyens de subsistance de la politique au lieu de servir les citoyens. Ces dernières années, le parachutage d’un conseiller technique ou d’un chargé de mission était guidé par un certain opportunisme où se mêlent non les qualités personnelles du candidat, mais ses états de service dans les rangs de sa formation et les liens plus ou moins affirmés dont il dispose avec sa hiérarchie. Un ancien ministre peut prétendre à de plus hautes responsabilités ? La nomination problématique de Samadi génère un questionnement sur la compétence, la clarté gouvernementale, la prise de responsabilité, et la crise de la représentation politique que le PJD rallonge et qui affecte directement la méritocratie du capital «étatique». Le recours aux réseaux comme instrument de pouvoir au détriment d’un recrutement plus ouvert et plus démocratique des élites politiques interroge l’implantation du PJD et ses différentes ramifications.
Cette clôture des nominations dans le champ politique cultivée par le PJD une conséquence mécanique : l’entrée dans le petit monde des cooptés est extrêmement sélective. En l’absence de régulation forte du cumul et de transparence procédurale, le nombre d’entrants ne peut excéder celui des sortants. Ce néo-féodalisme qui repositionne des responsables sans bilan, cantonnés dans leurs anciennes responsabilités à un rôle proche de la figuration et dont l’expérience ministérielle s’apparente à une parenthèse, porte un énorme préjudice à la transparence politique.






