Des lacunes et déficits importants continuent à peser sur le système national de la santé, dont principalement la question relative à la densité médicale et à la répartition des structures de soins et appareils médicaux sur l’ensemble du territoire, comme le souligne le diagnostic social annuel du CESE.
Le Maroc ne disposait en 2019, dans le secteur public et privé regroupés, que de 7,04 médecins par 10 000 habitants. Pour ce qui est des lits hospitaliers, le Maroc compte 10,07 lits, tous secteurs confondus, pour 10 000 habitants, tandis que ce ratio s’élève à 47 dans les pays de l’OCDE.
« Concernant les équipements médicaux lourds, des régions entières du pays n’en disposent pas. C’est le cas des appareils d’Imagerie par résonance magnétique (IRM) dont les régions de Tanger, Tétouan Al-Hoceima, Beni Mellal Khénifra et Laayoune Sakia El Hamra sont dépourvues. Pour les régions qui en disposent, des disparités importantes sont relevées : si dans la région de Rabat Salé Kenitra, un appareil IRM est disponible pour chaque million d’habitants, ce ratio dans la région de Souss Massa est d’un appareil pour 2,5 millions d’habitants », souligne le document consulté par Barlamane.com.
S’agissant de la couverture sanitaire, le nombre total cumulé de personnes immatriculées au RAMED a atteint 15 millions à fin décembre 2019, soit une hausse de 15% (2,2 millions de nouveaux bénéficiaires) comparé à l’année précédente, dont 10,9 millions en possession de cartes actives. « Cette hausse du nombre de personnes immatriculées en 2019, qui est la plus importante depuis le lancement du régime en 2012, s’explique par le fait que la détention d’une carte RAMED est utilisée à partir de l’année 2019 parmi les critères d’éligibilité pour d’autres programmes d’aide sociale aux ménages (Tayssir et aide aux veuves en situation difficile) », selon le CESE.
Le système RAMED souffre, toutefois, selon le CESE, de plusieurs déficits liés au non-accompagnement de la hausse du nombre des bénéficiaires par une augmentation suffisante des financements alloués au système, ce qui conduit à la paupérisation des hôpitaux publics, ainsi que la faiblesse de l’offre de soins entrainant des délais d’attente élevés, pouvant porter préjudice à la santé des citoyens. L’ensemble de ces éléments, conjugués aux fractures qui ternissent le système de santé, entre l’urbain et le rural, entre les régions, le privé et le public conduisent à un impact limité des systèmes RAMED et l’AMO sur la santé publique.
Quant au régime de couverture médicale AMO, le CESE souligne qu’il poursuit son extension, mais ne couvre toujours pas l’ensemble des catégories ciblées dans la loi n° 65-00 portant code de la couverture médicale de base.
« Cependant, la faiblesse de la dépense annuelle moyenne des bénéficiaires de la CNSS, conjuguée au reste à charge des bénéficiaires qui avoisine 35% des frais engagés, traduit un phénomène de renoncement aux soins chez cette catégorie de bénéficiaires fortement marquée par des bas salaires (près de 64% des inscrits à la CNSS perçoivent un salaire inférieur à 2 800 dirhams). Cette situation représente un préjudice pour les salariés les moins payés qui sont les plus exposés à des métiers physiques à même de détériorer leur capital santé. Il importe dans ce sens de revoir les paramètres des remboursements de l’AMO afin de réduire le reste à charge qui peut conduire à un renoncement aux soins, d’autant plus que cela conduit à une aggravation des maladies qui se traduira dans le futur par des parcours médicaux plus coûteux, aussi bien pour le bénéficiaire que pour l’AMO », lit-on dans le document.






