Entre le Maroc et le Parlement européen, la relation n’a jamais été facile. Les élections qui viennent de se dérouler sur le Vieux continent vont-elles y changer quelque chose ? La réponse est probablement négative.
Les sondages l’ont bien deviné : le virage à droite est une réalité qui signifie que les électeurs ont opté pour plus de protectionnisme, moins d’écologie et surtout moins d’immigration.
La débâcle des partis du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz demeure le symbole le plus net du défi lancé par les citoyens européens à l’écrasante machine bureaucratique à Bruxelles, qui ne jure que par le fédéralisme au détriment des souverainetés nationales.
Quand on jette un coup d’œil à la nouvelle configuration du PE, on est, tout de même, surpris qu’on est face à une tempête dans un verre d’eau créée sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévision pour faire peur.
Hormis un pouvoir de blocage plus conséquent que vont exercer les extrêmes sur certains dossiers, la coalition de centre-droit et des sociaux-démocrates (PPE-S&D-Renew) garde la main haute. On est bien partis pour ne rien changer.
En résumé, c’est ce qui s’est passé en Europe. Maintenant, on revient à ce qui pourrait intéresser les Marocains, qui se sentent légitimement concernés par les événements chez les voisins, d’autant que l’Europe est notre premier partenaire.
Le virage à droite du PE ne doit avoir aucun impact sur les rapports entre le Maroc et l’Union européenne. Le Royaume régule ses politiques à l’aune des attitudes des gouvernements et non des humeurs des eurodéputés.
On se souvient tous de la fameuse affaire Pegasus en 2021. Le Maroc était accusé d’avoir utilisé ce logiciel pour espionner un nombre incalculable de responsables en Europe, dont le président français et le chef du gouvernement espagnol.
La cabale de déstabilisation du Maroc était menée par le groupe Renew et son président de l’époque Stéphane Séjourné, un proche conseiller d’Emmanuel Macron. À cette période, les relations entre Rabat et Paris étaient au plus mauvais.
Les noms du Maroc et du Qatar se sont trouvés mêlés, par la suite, à une sombre affaire d’ingérence et de corruption visant les institutions européennes. Une histoire abracadabrante digne d’un polar de mauvaise qualité.
Soudain, on n’entendait plus parler de ces deux affaires. Les eurodéputés, qui menaient la charge, ont rangé leur fusil. Leur chef d’orchestre, à savoir Stéphane Séjourné, est devenu chef de diplomatie de son pays. Il a été dépêché à Rabat pour tirer les choses au clair.
La sagesse de la diplomatie marocaine, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, a mis en échec les tentatives de déstabilisation conduites par certains eurodéputés, qui se livraient à un mesquin chantage pour obtenir des concessions du Maroc.
Le Royaume est un pays réputé pour le respect de ses engagements internationaux et de sa grande patience avec ses partenaires privilégiés. Cependant, la question de souveraineté en est une ligne de démarcation.
Le Maroc comprend que le PE fait partie des institutions européennes et doit traiter avec ses membres, tant que celui-ci ne dépasse pas ses prérogatives et ses missions fondamentales. Quand c’est le cas, il vaut mieux se retourner vers les capitales, là où on prend les vraies décisions.