Le parti islamiste modéré Ennahda devrait remporter les élections parlementaires au détriment de son rival, Qalb Tounes, selon les premières estimations. Les deux partis ont revendiqué la victoire avant l’annonce des résultats officiels.
Le parti Ennahda semble prêt à faire face à une dégradation massive, mais il reste la formation la plus puissante en Tunisie après le vote de dimanche, selon les sondages à la sortie des urnes. Les islamistes modérés devraient recueillir 17,5% des voix, selon un sondage réalisé par l’institut Sigma Conseil. Leurs rivaux du parti Qalb Tounes, contrôlé par le magnat des médias emprisonné et candidat à la présidentielle Nabil Karoui, viennent seconds.
Le vote de dimanche a réuni plus de 16.000 candidats issus de plus de 200 partis différents pour concourir à l’Assemblée législative unicamérale de 217 sièges, l’Assemblée des représentants du peuple. Il fait suite au premier tour d’une élection présidentielle qui a beaucoup plus retenu l’attention de l’opinion publique. Les analystes ont déclaré que le vote parlementaire pourrait avoir des effets durables sur l’avenir du pays, qui a connu un soulèvement démocratique en 2011 et une lutte incessante pour atteindre la stabilité politique et économique.
Le parti islamiste Ennahdha, qui détenait auparavant le plus grand nombre de sièges au Parlement, espère conserver son avance sur Qalb Tounes, dirigé par Nabil Karoui. Ce dernier a été accusé d’évasion fiscale, mais affirme que les charges retenues contre lui sont d’ordre politique. Le Parlement tunisien disposera de deux mois pour former un gouvernement lorsque les résultats seront connus.
Peu après la fermeture des bureaux de vote, Karoui a déclaré que son parti était arrivé premier. Peu de temps après, un porte-parole d’Ennahda a déclaré lors d’un point de presse que son parti a gagné. Deux sondages à la sortie des urnes ont montré qu’Ennahda avait remporté le plus grand nombre de voix et que Qalb Tounes venait en deuxième position.
Les experts s’attendent à un résultat hautement serré qui pourrait rendre les négociations gouvernementales très difficiles. Les partis élus au Parlement nommeront un premier ministre, qui disposera alors d’un délai de deux mois pour mettre en place un gouvernement.
Le vote, dimanche, s’est déroulé dans un climat de haute sécurité. Environ 100 000 agents de sécurité ont effectué des patrouilles dans quelque 4 500 bureaux de vote aux frontières du pays avec l’Algérie et la Libye. Selon la commission électorale, le taux de participation total a atteint 41%, ce qui est nettement inférieur aux 60% enregistrés lors des dernières élections législatives de 2014, qui ont vu le Parlement élu pour la première fois sous sa forme actuelle. Quelque 7 millions de Tunisiens ont le droit de voter.
De nombreux Tunisiens sont frustrés par l’incapacité des partis politiques traditionnels à faire face au taux de chômage élevé, à la médiocrité des services publics et à la hausse du coût de la vie. C’est la troisième fois que les Tunisiens ont voté aux élections législatives depuis les soulèvements de 2011 qui ont renversé le président Zine Abidine Ben Ali.
Les résultats officiels préliminaires sont attendus en milieu de semaine.