L’éditorialiste Guillaume Bigot revient sur l’actualité franco-algérienne avec un grand conseil adressé aux Algériens : «Vous Algériens, vous êtes un grand peuple, faites comme nous en 1789 (Révolution française, NDLR), débarrassez-vous de ces tyrans qui vous gouvernent!».
Le premier ministre français, qui devait se rendre à Alger dimanche 11 avril, a dû renoncer à son déplacement pour cause sanitaire, officiellement, même si certaines sources avancent plutôt des raisons diplomatiques et des frictions permanentes relatives au passé mémoriel.
«Il y a un vrai sujet algérien», tonne le journaliste Guillaume Bigot lors d’une intervention à CNews, chaîne de télévision française d’information nationale en continu, lequel a exprimé son refus de «la culture de la culpabilité» cultivée par le régime algérien. «Le gouvernement algérien ne tient qu’à un fil, le fil de la haine et de la culpabilisation permanente de la France. Il ne fait rien pour sa population, vole le gaz, a une situation littéralement inique, mais il tient parce qu’il sert un discours de haine en permanence à la population algérienne en expliquant que tout ce qu’il se passe à l’Algérie c’est la faute de la France».
Le comité intergouvernemental franco-algérien, cadre prévu pour cette rencontre annulée, a été «donc reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable», ont ajouté les services du Premier ministre Jean Castex. Mais les observateurs affirment que les douleurs de la mémoire de l’histoire franco-algérienne et algéro-française sont très vives pour que de relations saines puissent s’établir entre les deux pays.
En France comme en Algérie, cette apparition sur le devant de la scène de la «question coloniale» a été vue comme une manipulation du régime algérien de l’histoire nationale, ce qui explique le caractère désordonné et compulsif de son dévoilement, qui se déploie aujourd’hui dans la confrontation de deux visions différentes, chacune tentant d’imposer «ses réalités et sa part de vérité».
Tout en évoquant la crise sociale et économique, due en grande partie au mauvais partage des richesses et à l’absence de démocratie en Algérie, M. Bigot dénonce les fantasmes, les illusions, les méconnaissances qui continuent à être véhiculés par le régime algérien : «Il faut que ce grand peuple se débarrasse de son gouvernement absolument indigne, Cet à-plat-ventrisme grotesque envers les autorités algériennes, cela suffit», «La France a fabriqué l’Algérie et le pouvoir doit en être fier.»
Tandis que certains médias algériens évoquaient timidement «le réchauffement franco-algérien», le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Hachemi Djaâboub, a lancé jeudi 8 avril devant le Sénat une virulente attaque contre la France, qualifiée d’«ennemi traditionnel et éternel», selon le site en ligne TSA. La réunion de dimanche avait pour objectif de tenir pour la première fois depuis décembre 2017 un «Comité intergouvernemental de haut niveau», co-présidée par les chefs des deux gouvernements afin de faire le point notamment sur la coopération économique entre les deux pays. Le mouvement de protestation populaire qui a provoqué la chute du président Abdelaziz Bouteflika en 2019, la crise sanitaire, mais aussi l’état de santé du président Tebboune, n’ont pas permis la tenue récente d’une nouvelle édition de ce CIHN.
Les relations entre la France et l’Algérie difficiles, complexes, tumultueuses. Les polémiques sur le passé, de la conquête coloniale française au XIXe siècle à la guerre d’Algérie des années 1950, le soutien inconditionnel de Paris à Rabat, ne cessent de rebondir. Dans ces querelles incessantes, il est possible de voir l’impossibilité de projets d’avenir entre les deux pays.