L’un, Benkiran, est un ex-chef de gouvernement réduit à l’insignifiance politique, l’autre, Akhannouch, est l’un des favoris du scrutin du 8 septembre. Entre les deux hommes, la guerre est ouverte.
Les paix que noue l’ancien chef du gouvernement Benkiran ne seraient que des trêves, et les attaques verbales ne seraient jamais que suspendues. Dans une sortie polémique sur Facebook, Benkiran a prouvé qu’il prône un système de rapports avec ses adversaires qui, nourrissant tout principe de mésintelligence, ne sépare pas les intérêts du PJD de ceux du pays.
Alors que les Marocains sont appelés aux urnes, mercredi 8 septembre, pour des élections législatives et locales qui détermineront le sort du parti islamiste PJD au pouvoir depuis une décennie, la formation de Benkiran sait que son crédit auprès des citoyens a été épuisé. Lors de sa sortie sur Facebook, il a tout évoqué : les tractations politiques autour de la gestion de la manne du fonds de développement rural, le boycott de 2018, le blocage de 2016, le background de Aziz Akhannouch etc. Le 6 septembre, Akhannouch riposte : «Notre parti n’accorde pas d’importance aux personnes, mais aux projets de développement qui ont un effet direct sur les citoyens. Je reconnais, poursuit-il, dans les paroles de Benkiran, la crainte de voir notre parti gagner les élections.»
En 2015 déjà, Benkiran a déclaré que le ministre de l’Agriculture et de la Pêche est l’un des membres du gouvernement avec qui il les meilleurs rapports. «Même dans une famille, il arrive qu’il y ait des différends. C’est naturel et, pour ma part, cet incident est oublié» avait-il déclaré après la polémique nourrie par un article de presse sensationnel faisant état des conditions qui ont entouré une légère modification dans le projet de loi de finances 2016. Selon le défunt quotidien Akhbar Al Yaoum, géré à l’époque par Toufik Bouachrine, condamné pour viols, Aziz Akhannouch se serait proclamé ordonnateur du fonds de développement rural, un compte d’affectation spéciale du Trésor doté de 7 milliards de dirham devant gérer à terme un immense programme budgétisé à 55 milliards. Une affaire évoquée dans le dernier live de Benkirane.
Le désaccord des vues sur certains points entre les deux hommes n’ont pas empêché Akhannouch de rester son ministre durant cinq ans. Benkiran, pourtant, tressait les louanges de l’homme depuis des années. Pensait-il que le déclin du PJD devait commencer au point où avait été atteinte la plus extrême hauteur de son adversaire ? Ou bien préfère-il ne pas avoir Akhannouch à la conduite des plus importantes affaires ? Peut-être y avait-il à la fois le vague instinct de l’avenir, et le vain empressement pour préserver dignité qui n’était qu’une apparence, en s’attaquant directement à son adversaire.
Le PJD a vécu dans les dernières heures de la campagne électoral, des moments difficiles après qu’un certain nombre de ses principaux candidats eurent été accueillis par les protestations des habitants d’un nombre de villes marocaines.
Le PJD n’a trouvé de description à ce s’est passé sauf à décrire les foules hostiles à lui comme «un amas de voyous payés». Malgré cela, El Otmani, en déplacement dans la ville d’Agadir, a été confronté à des protestations et à des cris.
Aux événements de Rabat et d’Agadir s’ajoutent d’autres événements à Fès, où le candidat PJD, Idris al-Azmi, qui est actuellement maire de la capitale scientifique du Royaume, a également été rejeté et chahuté.
Pour la première fois, près de 18 millions de Marocains sont appelés à voter le même jour pour élire les 395 députés de la Chambre des représentants et plus de 31 000 élus communaux et régionaux. Cette réforme vise à augmenter le taux de participation, qui avait plafonné à 43 % lors du scrutin législatif de 2016.






