Lahouari Addi, celui qui dénonce sans cesse le dérapage et l’improvisation dont font preuve les autorités militaires en Algérie depuis des décennies a signé une présence remarqué à l’occasion des deux ans du soulèvement populaire ayant chassé Abdelaziz Bouteflika du pouvoir.
Pour marquer l’anniversaire du soulèvement populaire de 2019 et réclamer un régime démocratique, des rassemblements ont eu lieu à Alger et dans les régions avoisinantes, auxquels a pris part l’éminent sociologue et politologue Lahouari Addi, connu pour ses positions critiques à l’égard du système de son pays, a constaté Barlamane.com.
Lahouari Addi, professeur de sociologie politique à l’IEP de Lyon, est une figure très respectée en Algérie. Ses parcours de réflexion ont construit l’architecture générale d’une description du régime militaire et de ses lignes de défaillance. En 1992, il dénoncait déjà les autorités militaires de son pays, qui «demeure favorable à une fausse transition», sans rupture brutale «entraînant purges et poursuites judiciaires contre le personnel politique». La même année, il dénonce le régime qui, «se voulant légaliste, il met le maximum d’atouts constitutionnels de son côté, ne tenant surtout pas à être accusée d’avoir fomenté un coup d’État», comme si les temps sont restés invariables.
M. Addi souligne sans cesse la fragilité des généraux dans son pays au travers de l’histoire récente et de leur fâcheuse tendance à renâcler devant la démocratisation. Il appelle à la possibilité d’une construction sociale sous l’effet du renouvellement progressif des élites et de la capacité des populations à formuler des aspirations nouvelles.
Des marches et des rassemblements se sont déroulés ces derniers jours en Algérie, notamment à Alger et en Kabylie, malgré l’interdiction de manifester, pour marquer l’anniversaire du soulèvement populaire de 2019 et réclamer un régime démocratique et le départ des caciques qui sont au pouvoir depuis 1962.
Des milliers de personnes ont manifesté, le 16 février, dans l’est de l’Algérie à Kherrata, le berceau du Hirak, ce mouvement de contestation né en février 2019 d’un immense déchaînement des Algériens qui réclament un profond changement politique. Ses marches hebdomadaires ont été suspendues à cause de la crise sanitaire, mais des tentatives de mobilisation voient régulièrement le jour, surtout en Kabylie.
Il est à noter que des centaines d’Algériens et de binationaux ont défilé à l’étranger pour exiger un «changement du régime» au pouvoir en Algérie.