Dans un entretien à l’hebdomadaire «Le Point», le chef de l’Etat estime que les pays ayant renoué avec Israël sont libres de le faire en remettant en cause le vocable «normalisation».
Le Maroc a repris ses relations avec Israël en 2020. Ce réchauffement diplomatique s’est accompagné d’un flux de plus en plus régulier de délégations israéliennes au Maroc. Une décision à laquelle l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, souscrit totalement, dans un entretien accordé au Point.
«Que pensez-vous du fait que des pays comme le Maroc, Bahreïn ou les Émirats arabes unis aient noué des relations avec Israël sans que la question palestinienne ait été préalablement résolue ?» demande Le Point à l’émir du Qatar. Une question à laquelle l’émir répond : «Tout pays a le droit d’établir les relations qu’il veut avec les pays qu’il veut» avant d’expliciter : «Mais qu’est-ce que la normalisation avec Israël ? Sérieusement, les choses sont-elles normales en Israël ? Non! (…) À l’époque des accords d’Oslo [1993, NDLR], nous pensions réellement que la paix allait advenir. Nous avons ouvert des relations officielles avec Israël. Il y avait un bureau commercial israélien ici, à Doha. Puis, il y a eu guerre après guerre à Gaza… Nous devons trouver un règlement pacifique pour le peuple palestinien, nous devons lui redonner espoir, nous devons lui rendre ses terres. Nous parlons avec les Israéliens, nous apportons une aide aux habitants de Gaza et aussi en Cisjordanie. Je crois à une solution à deux États. Palestiniens et Israéliens devraient vivre côte à côte, en paix. Hélas, nous en sommes loin.»
Le Maroc, pour rappel, s’est dit disposé à «mettre à profit» ses liens avec toutes les parties du conflit israélo-palestinien pour favoriser la reprise du processus de paix. «Le Maroc poursuivra ses efforts afin de réunir les conditions propices à un retour des parties à la table des négociations», a déclaré le roi Mohammed VI fin novembre 2021 à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Pour ce faire, le royaume «mettra à profit sa position et ses relations privilégiées avec toutes les parties et les puissances internationales agissantes», a-t-il ajouté dans son discours
Comme l’émir du Qatar, le roi Mohammed VI a réclamé «des efforts diplomatiques intensifs et efficaces» afin de «relancer les négociations entre les deux parties dans la perspective de trouver une issue favorable à la question palestinienne dans le cadre de la solution à deux Etats», sur la base des frontières de 1967 et des résolutions du droit international.
Le souverain marocain a en outre appelé à préserver l’identité arabe et islamique de Jérusalem ainsi que «son statut juridique, historique et démographique». Le roi Mohammed VI est président du comité Al-Qods, chargé de contribuer à la sauvegarde des lieux saints musulmans à Jérusalem.