Le programme gouvernemental tant attendu après six mois de blocage politique, vient d’être décliné par le nouveau chef du Gouvernement Saad Eddine El Othmani.
Une lecture rapide en diagonale de cette feuille de route pour la nouvelle équipe pléthorique qui sera aux commandes du pays pendant les 4 années et demi à venir au Maroc, nous renseigne sur l' »intérêt accru » que prétend consacrer ce gouvernement au volet social qui ignore une certaine catégorie de la population. Il s’agit de porteurs ou porteuses communément appelées « femmes-mulets » qui par centaines, voire par milliers prennent d’assaut les deux présides occupés de Sebta et Melillia, quatre à cinq fois par semaine pour aller s’approvisionner en marchandises de contrebande destinées à la vente au Maroc.
Outre les pertes énormes pour l’économie marocaine qu’engendre ce commerce « atypique » comme aiment le qualifier les espagnols, il y a également l’aspect humanitaire que le gouvernement n’a jamais pris en compte en dépit des incidents enregistrés quotidiennement aux points de passage des deux enclaves, et des images et vidéos diffusées tout au long de la semaine par les médias espagnols qui s’indignent de cette situation alors qu’ils sont les premiers à en profiter.
Entendre et voir le chef du Gouvernement décliner à la « Castro » ce long programme avec tout ce qu’il comporte de langue de bois et de littérature que le citoyen lambda ne pourra jamais déchiffrer, alors qu’au nord du pays on fait état de blessés parmi ces femmes-mulets pour ne pas parler de morts comme ce fut le cas il y a deux semaines d’une jeune maman de 22 ans dont le seul tort était de remplacer son mari, malade, pour apporter de quoi nourrir ces enfants,.. il y a de quoi laisser pantois.
L’énormité de ce problème économique et social pour cette catégorie de la population est tel que les ONG espagnoles, les autorités, les partis politiques sont tous montés au créneau chez nos voisins du nord pour dénoncer cette forme d’esclavagisme moderne, alors que chez nous, c’est l’omerta. On préfère regarder ailleurs et ne pas ouvrir cette boite à pandore par crainte de se voir obliger de l’affronter avec tout ce que cela implique comme politique sociale et moyens dont l’Etat dira qu’il n’en dispose pas alors que ce même Etat mène un train de vie inacceptable, à la limite honteux.
Faut-il attendre qu’il y ait plus de morts pour que le gouvernement réagisse enfin et prenne à bras le corps ce problème à effet de boomerang? Les 38 membres du gouvernement et leur chef Saad Eddine El Othmani sont les seuls à apporter une réponse, si réponse il y a.
En attendant, ces pauvres « damnés de la terre », hommes et femmes porteurs, grands absents de ce programme gouvernemental, devront prendre leur mal en patience et subir la matraque des deux cotés des points de passage de Sebta et Melillia.