Emmanuel Macron s’est rendu, samedi, pour un hommage silencieux consacré aux événements de 1961. «Il s’agit d’abord de reconnaître, c’est-à-dire acter la vérité de l’Histoire, explique un conseiller du chef de l’État. Cette présence dit la reconnaissance des faits et la qualification qu’il convient d’en faire.» Mais le mépris d’Alger est plus tenace.
Le chantier mémoriel du président Emmanuel Macron patine, ainsi que ses tentatives de «faire de son quinquennat celui de la reconstruction d’une relation, si ce n’est apaisée, du moins normalisée avec Alger» écrit Le Figaro dans son édition de 18 octobre.
«En février 2017, l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande se rend à Alger où dans une interview il affirmera : “La colonisation est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes.” Les propos du futur président allaient en contradiction avec une interview accordée au Point en novembre 2016 : “Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie”» note Le Figaro, mettant en relief les balancements du président Macron.
«Avant d’être même élu, Emmanuel Macron avait inauguré le « en même temps » mémoriel. La commémoration des événements du 17 octobre était l’une initiatives mémorielles recommandées par Benjamin Stora. Mais Emmanuel Macron est encore très loin du compte. D’abord parce qu’Alger regarde avec distance, si ce n’est mépris, la démarche du chef de l’État. Les conclusions de l’historien ont ainsi été fraîchement accueillies par Alger, qui n’a pas supporté son refus de l’excuse et de la repentance. Double défi Ensuite parce que Paris a récemment provoqué une crise diplomatique» détaille le journal français.
«D’abord en durcissant drastiquement l’octroi de visas, réduits de moitié par mesure de rétorsion. Mais aussi en accusant, lors d’une réception avec de jeunes Algériens fin septembre à l’Élysée, le “système politico-militaire” algérien d’entretenir une “rente mémorielle” sur le conflit. Il s’était également interrogé sur le fait de savoir s’il existait une “nation algérienne” avant la colonisation française. Après ces propos, l’Algérie a décidé de fermer son espace aérien à l’armée française, point de passage pourtant obligatoire pour rallier la bande sahélo-saharienne où opère la force Barkhane au Mali. Preuve que le président fait face à un double défi sur le dossier algérien» rappelle-t-on.
Emmanuel Macron doit composer avec les autorités locales, qui refusent de jouer le jeu du partenariat. «Nous n’attendons rien de l’Algérie, répond-on dans l’entourage du président. Nous le faisons pour nous-mêmes.»
Emmanuel Macron «doit aussi faire face aux réticences de ses propres ressortissants. Notamment ceux qui, au sein de la troisième génération, entretiennent une rancune. Comme ils l’ont manifesté de la plus criante des manières, le 6 octobre 2001, en sifflant copieusement La Marseillaise lors d’un match France-Algérie au Stade de France. Les sifflets mettront le président de l’époque, Jacques Chirac, dans une colère froide. Depuis cette date, rien ou presque ne s’est arrangé en matière d’identité» écrit-t-on.
Le Figaro dévoile enfin que le président a maintenu les commémorations du 17 octobre 1961, malgré les réticences d’une partie de la classe politique.