Après onze mois de manifestations, la rue rejette le pouvoir en place et le dialogue qu’il souhaite mener avec la contestation n’est point accepté par les différentes sensibilités qui la composent.
La 51ème semaine consécutive de mobilisation à Alger s’est déroulée, vendredi 7 février, au milieu d’un dispositif policier accru. Une foule compacte a défilé dans la capitale pour contester toute légitimité au pouvoir en place et dénoncer le « dialogue » qu’il propose sur les modalités d’une transition politique dont les termes sont rejetés par la contestation.
Dans les rues surveillés par les forces de l’ordre, les manifestants ont scandé « le peuple veut le démantèlement du système », « la bande doit partir» ou « Algérie libre et civile », en référence à la place centrale occupée par les militaires dans l’appareil de pouvoir depuis l’indépendance en 1962.
En l’absence de comptage officiel, la mobilisation restait développée vendredi, mais moins massive que lors des imposants cortèges des premiers mois de contestation, déclenchée le 22 février, et qui fête dans deux semaines son premier anniversaire. Le cortège algérois s’est grossi en début d’après-midi, comme les manifestations recensées dans une dizaine d’autres régions du pays, notamment à Annaba et Constantine, les grandes métropoles du nord-est algérien, selon des médias locaux.
Depuis la démission d’Abdelaziz. Bouteflika, la contestation refuse que les anciens caciques de ce dernier qui sont toujours aux premiers cercles du pouvoir, soient maintenus. Le président, M. Tebboune, a formulé plusieurs offres de dialogue, jusqu’ici toutes déclinées. Les militants syndicaux, eux, sont désormais confrontés à une répression à double canon. Ils sont ciblés en tant que syndicalistes contestant le monopole de L’Union générale des travailleurs algériens, est le seul syndicat actuellement reconnu par les pouvoirs publics algériens, et attaqués pour leur rôle dans la conduite et le maintien du mouvement démocratique en cours, le magnifique Hirak qui a éclaté en février de l’année dernière.
Mercredi, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a nommé mercredi Toufik Hakkar au poste de nouveau chef de la firme énergétique Sonatrach, a rapporté la télévision nationale. Hakkar, un cadre supérieur de Sonatrach, remplacera Kamel Eddine Chikhi, évincé sans ménagement et qui n’a été nommé à la tête de l’entreprise il y a trois mois, le dernier d’un carrousel rapide de changements au sommet ces dernières années.
L’Algérie, grand fournisseur de gaz en Europe, dépend des ventes d’hydrocarbures pour 60% de son chiffre d’affaires budgétaire, mais celles-ci ont chuté depuis la chute du prix du pétrole en 2014, entraînant une forte baisse des réserves de change.
Les derniers chiffres montrent que les recettes pétrolières et gazières ont atteint 30,25 milliards de dollars au cours des 11 premiers mois de 2019, une baisse de 15% par rapport à la même période un an plus tôt, la demande intérieure et la baisse de la production ayant réduit les volumes d’exportation. L’Algérie a réagi en essayant de stimuler la capacité de production et cherche des investissements auprès des compagnies pétrolières internationales pour l’aider à le faire.