La hausse des prix alimentaires a été citée parmi les facteurs déclenchants des récents mouvements de protestation en Algérie qui ont conduit notamment à des émeutes nocturnes dans certaines régions.
Les prix de certains produits de base, comme le sucre et l’huile, ont récemment enregistré une hausse considérable en Algérie. Les observateurs affirment qu’elle n’était pas uniquement due à la hausse des cours sur le marché mondial, et avancent que les producteurs et distributeurs de gros ont leur part de responsabilité. Les marges bénéficiaires qu’ils imposent sont exagérées, et les spéculateurs aggravent la situation.
Lors du dernier Conseil des ministres présidé par le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, dans le déni, a affirmé qu’il ne «s’agit pas d’une hausse des produits alimentaires mais d’un faible pouvoir d’achat conséquence d’une hausse de prix», une déclaration que d’aucuns ont été capable de déchiffrer.
Avant même la crise économique provoquée par la pandémie mondiale, l’Algérie se débattait pour sortir la tête de l’eau: depuis 2014, les cours du pétrole, sa principale source de revenus, ont chuté, et sa monnaie ne cesse de se déprécier. Dans un contexte de grave crise économique, où le chômage augmente et la pauvreté gagne du terrain, les consommateurs aussi manquent d’argent.

Selon Libre Algérie, «le taux d’inflation en juin 2021 a presque doublé par rapport à 2019, alertant sur les risques d’une tension qui pourrait s’inscrire dans la durée si des mesures n’étaient pas prises». Selon la même source, «la dérégulation du marché, la spéculation et la multiplication des intermédiaires sont autant de niches favorisant la hausse des prix des produits alimentaires, mais elles ne sauraient être l’unique facteur responsable de la fièvre inflationniste. Entre certains éléments de la conjoncture et autres facteurs structurels liés au marché et à la structure de l’économie algérienne, la montée de l’inflation pourrait être un réel danger, plutôt qu’un nuage passager, né de la combinaison de certains facteurs conjoncturels. Avec la pandémie, les perturbations dans les récoltes et le déclin des échanges commerciaux tout au long de 2020, les cours de nombreux produits alimentaires, à l’exemple du blé et de la poudre de lait, dont l’Algérie est un des grands importateurs mondiaux, ont fortement progressé en 2020 et 2021.»
Selon le quotidien, «les perspectives d’une nouvelle dépréciation du taux de change du dinar et d’une révision des subventions, désormais clairement assumée dans le plan d’action du gouvernement, pourraient faire peser des risques inflationnistes en période de hausse de l’inflation importée. La montée de l’inflation, amorcée depuis une année, est un vrai casse-tête pour le gouvernement qui recommence à solliciter la planche à billets pour financer le Trésor public.»
La même source évoque enfin «la complexité de l’arbitrage que doit faire le gouvernement entre une politique de rigueur et un véritable plan de relance à ambitions essentiellement structurelles d’une part et perpétuer une vision de court terme qui consiste à colmater les brèches et tenter des réponses de conjoncture à une crise foncièrement structurelle.»






