« Je suis très heureux d’être aujourd’hui, ici, à Harvard », à peine Dani Dayan, consul israélien à New York, eut prononcé ces mots, que l’auditoire devant lequel il était censé s’exprimer était déjà vide. Mercredi 13 novembre dernier, Harvard était le terrain d’un coup d’éclat des étudiants en guise de protestation contre la politique israélienne de peuplement dans les territoires palestiniens occupés.
Environ une centaine d’étudiants de la Harvard Law School ont quitté l’amphithéâtre où devait se dérouler une conférence du consul israélien à New York. Au moment où le diplomate israélien se préparait à s’exprimer autour de « la légalité de la stratégie des colonies israéliennes”. Incapables de s’asseoir à écouter ce bouillon de propagande colonialiste israélienne, qui cherche à légitimer ses faits et ses crimes de toutes les manières, les manifestants se sont levés et ont brandi, dans le silence, des pancartes portant l’inscription “Les colonies sont un crime de guerre”, au fur et à mesure qu’il quittaient les lieux. L’événement, dont la vidéo a été documentée par un étudiant, a fait le tour de la toile, et a suscité une vague de soutien inattendue.
Il serait, dans ce sens, utile de rappeler qui est Dani Dayan : il s’agit d’un personnage fortement controversé pour ses positions de fervent défenseur de l’établissement et du maintien des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie ou en Judée-Samarie. Des positions qu’il n’hésite pas à pousser à l’extrême, en totale omission des principes du Droit international, du Droit de guerre ou encore, des simples fondements des Droits de l’Homme. En 2012, il inscrivait sur les pages du New York Times que les colons hébreux étaient installés “pour de bon”, alors que les colonies sont considérées comme un crime de guerre conformément au Droit international. Devoir se retrouver devant une salle vide d’étudiants était un acte sérieusement humiliant pour le diplomate, qui a grommelé entre ses dents “je me souviens avoir fait ça au jardin d’enfants.”
Ramy Younis, un des organisateurs de la manifestation silencieuse, explique que compte tenu du fait que le consul était quelqu’un dont la vie entière avait gravité autour de la dépossession et du vol, il “devrait être traduit devant une cour de justice internationale au lieu d’être invité à s’exprimer pour un public libéral”, rapporte Middle East Eye. Pour les étudiants, tolérer ce genre de « points de vues divers » équivaut à un détournement de la vérité et de la réalité du peuple palestinien.