Un ancien cadre du FLN emprisonné dénonce les «crimes de corruption» des fils de Ahmed Gaïd Salah soupçonnés, selon lui, de «dilapidation de deniers publics, abus de fonction et octroi d’indus avantages».
Les vastes enquêtes pour corruption et népotisme lancées après l’éviction en avril 2019 d’Abdelaziz Bouteflika, sous la pression d’un mouvement populaire («Hirak») de contestation inédit, atteigneront-elles la progéniture du général Ahmed Gaïd Salah, ancien puissant chef d’état-major de l’armée algérienne et vice-ministre de la défense, ex-pilier du régime mort il y a un an ? Le premier grand procès anticorruption de l’après-Bouteflika menace s’élargir de plus en plus.
L’ancien député du Front de libération nationale et vice-président du Parlement Bahaa El-Din Taliba, actuellement derrière les barreaux pour d’autres scandales de corruption, a déposé un rapport auprès du procureur général du Conseil judiciaire d’Alger, accusant quatre des fils d’Ahmed Gaïd Salah «d’obtention de privilèges, d’avantages, d’abus de fonction, conflit d’intérêts et corruption».
La notification indiquait que «(…) le parlementaire et ancien vice-président de l’Assemblée populaire nationale, élu dans le département d’Annaba, détient des données et est parvenu à sa connaissance de nombreux incidents pouvant constituer des crimes de corruption, attendu qu’un groupe de personnes a renforcé son autorité en usant des rouages de l’administration au niveau national pour servir leurs intérêts, il s’agit d’Ahmed Gaïd Boumediene, Ahmed Gaïd Mourad, Ahmed Gaïd Adel, Ahmed Gaïd Hicham et Aroun Abdel Malik.»
M. Taliba a expliqué que «le réseau est vaste» exprimant sa volonté de lever le voile sur toutes les «violations et crimes» et affirmant que son approche de la justice découle de «sa certitude que la loi est supérieure, et que toute personne est responsable conformément aux principes sur lesquels la “nouvelle Algérie” a été établie et inscrite dans “la nouvelle constitution de la nouvelle république”». M. Taliba a déclaré qu’il restait à la disposition de la justice concernant cette affaire.
La famille d’Ahmed Gaïd Salah avait poursuivi le journal francophone Al-Watan devant la justice en raison de la publication d’un article qui révèle l’implication de membres de la famille de l’ancien homme fort de l’Algérie dans des affaires de corruption. Le même journal a révélé que le procureur général «avait interdit aux deux fils du défunt chef d’état-major de voyager.»
Le Conseil judiciaire algérien avait condamné Bahaa El-Din Taliba à 7 ans de réclusion criminelle et à une amende de 8 millions de dinars algériens, en raison de son implication dans des affaires de corruption liées à des mouvements suspects de capitaux vers et depuis l’étranger.