La stratégie des frappes aériennes occidentales dans la lutte contre «le bien mal- nommé Etat Islamique» en Irak et Syrie, est inopérante, car faisant le jeu de ce groupe terroriste, a souligné le politologue français, Jean Pierre Filiu
Dans un entretien accordé au mensuel français «Challenges», ce professeur des universités en études moyen-orientales à Sciences-Po (Paris), auteur d’un récent livre « Les Arabes, leur destin et le nôtre », relève que si le groupe «Daech» se ressent effectivement des frappes aériennes, il arrive cependant à « compenser très largement les pertes infligées par les bombardements via un recrutement intensifié, notamment en Europe ».
Il ne faut pas prendre la cause pour l’effet, a dit cet expert, pour qui, «l’invasion américaine de l’Irak en mars 2003 est une catastrophe stratégique dont nous continuons de payer le prix», puisqu’ayant «durablement fragilisé la sécurité du continent européen en ouvrant les portes du Moyen Orient à l’implantation djihadiste».
« Telle est la situation calamiteuse où nous nous trouvons aujourd’hui, aggravée par les mensonges systématiques de l’administration Obama sur la réalité des bilans militaires», se désole cet expert.
Il met également en cause, dans la montée des groupes terroristes,«le régime de Bachar al-Assad qui a, dès 2003, collaboré avec les djihadistes en Irak» avant de franchir un nouveau cran dans « ce jeu avec le feu terroriste en 2011, quand il a libéré des détenus djihadistes, afin de contrer les manifestations pacifiques qui demandaient alors de simples réformes».
« Seuls les révolutionnaires syriens, arabes et sunnites, peuvent infliger des pertes au sol à Daech et contraindre le monstre djihadiste à reculer», a préconisé cet expert, considérant que l’engagement russe actuel ne vise qu’à protéger le régime de Bachar al Assad.
« Poutine risque par son engagement militaire sans précédent un embourbement périlleux en Syrie », a mis en garde le politologue français, car vu l’état d’affaiblissement de l’armée d’Assad, « il sera peut-être contraint de suppléer sa défaillance », ce qui aurait des «retombées incalculables».






