Des dizaines de milliers de manifestants algériens ont défilé vendredi pour demander l’annulation de l’élection présidentielle du mois prochain jusqu’à ce que la vieille garde au pouvoir se retire et que l’armée quitte la politique.
Malgré tout déploiement de forces de maintien de la paix, la crise en l’Algérie dû au manque d’amortisseurs politiques et institutionnels est incessante. Les manifestations de ce vendredi, qui se sont déroulées dans des plusieurs villes et villages du pays, ont marqué la 41e manifestation hebdomadaire consécutive d’un mouvement qui a déjà contraint la coalition dirigeante à se déprendre d’un président vétéran et d’emprisonner de hauts responsables de son ère.
L’élan continu du mouvement de protestation représente un défi majeur pour l’armée, qui a fait pression pour que les élections du 12 décembre soient le seul moyen de sortir de l’impasse entre les autorités et la désobéissance civile, sans chef.
Les manifestants ont scandé vendredi «Non à l’élection», «Libérez les détenus» et «L’armée doit quitter la politique» alors qu’ils traversaient le centre d’Alger. Un manifestant a brandi une pancarte indiquant : «Ils ont le vote. Nous avons le droit de veto ».
Depuis le début officiel de la campagne électorale au début du mois, les tensions se sont intensifiées, avec des manifestations plus fréquentes, des arrestations multipliées, des peines d’emprisonnement plus longues et des affrontements entre policiers et contestataires dans une ville de la province, mercredi. Le principal syndicat algérien, pro-gouvernemental, prévoit une rare marche le 30 novembre à Alger pour manifester en faveur de l’élection.
Le soulèvement algérien a commencé en février quand il est devenu évident que Abdelaziz Bouteflika envisageait de briguer un autre mandat présidentiel lors d’un vote initialement prévu pour juillet.
Alors que des centaines de milliers de personnes traversaient le pays, l’armée a évincé le président octogénaire en avril. Des dizaines de hauts responsables, dont un ancien chef des services de renseignements, ainsi que le frère de Bouteflika, des ministres et des magnats des affaires ont été arrêtés. Plusieurs d’entre eux ont été emprisonnés à long terme pour corruption et deux anciens premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, doivent être jugés la semaine prochaine.
Cependant, les manifestants ont exigé une purge plus profonde de l’élite dirigeante, qui contrôle l’Algérie depuis l’indépendance de la France en 1962, et les autorités ont également arrêté des dizaines de personnalités de l’opposition et de manifestants.
L’Algérie, qui dépend fortement des ventes de pétrole et de gaz, a été durement touchée par la chute des prix du pétrole, réduisant de moitié ses revenus de 60 à 30 milliards de dollars.






