Les manifestants algériens se sont rassemblés par milliers, ce vendredi, dans la capitale contre le gouvernement. Un événement coïncidant avec les célébrations officielles de l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.
Plusieurs milliers de personnes s’étaient massés devant le bâtiment de la Grande Poste au centre-ville d’Alger en début d’après-midi. «L’Algérie va reprendre son indépendance», «le peuple veut son indépendance», ont scandé les manifestants, qui ont réalisé la mobilisation la plus massive depuis le déclenchement des contestations en février.
Les plateformes sociales algériennes ont été inondées d’appels pour remplir les rues de la capitale, tandis que les forces de l’ordre ont été fortement déployées ; bloquant les foules sur une avenue proche de la Grande Poste et procédant à plusieurs arrestations dans la matinée, selon des témoins. Le métro d’Alger a été fermé et tous les trains à destination de la capitale ont été annulés, pour dissuader les gens de s’y rendre.
Des manifestations hebdomadaires ont lieu à Alger et dans d’autres régions du pays depuis le 22 février, forçant le président de longue date, Abdelaziz Bouteflika, à démissionner début avril. Malgré cela, la colère de la rue n’est pas estompée. Elle réclame le départ des caciques du régime et appelle à une refonte du système politique en place depuis 1962. Le 1er novembre est une fête nationale en Algérie pour commémorer le début de la guerre qui a conduit à l’indépendance du pays de l’Afrique du Nord après 132 ans de domination coloniale française. Les appels à participer aux manifestations de vendredi ont établi des parallèles entre la lutte pour l’indépendance lancée le 1er novembre 1954 et les manifestations en cours.
«L’histoire se répète», lit-on sur un dépliant. «1er novembre 1954-2019. Les 48 provinces de la capitale se souviendront du début de la glorieuse révolution de libération» affiche une banderole.
L’appel semble avoir été entendu. Des informations ont fait état de nombreux bouchons aux entrées de la capitale, conséquences de l’afflux de manifestants à Alger. Jeudi soir, des manifestants se sont rassemblés à Alger avant d’être dispersés par la police, qui a procédé à plusieurs arrestations, ont rapporté des journalistes algériens. En dépit de la féroce opposition des rues, les autorités ont décidé d’organiser des élections présidentielles le 12 décembre.
Les activistes exigent des réformes radicales et générales avant tout participation au processus électoral, et disent que les personnalités de l’ère Bouteflika toujours au pouvoir ne doivent pas utiliser les présidentielles pour désigner son successeur. Mercredi, le puissant chef de l’armée, le général Ahmed Gaid Salah, qui a mené la campagne en faveur d’un scrutin présidentiel d’ici fin 2019, a déclaré que l’élection bénéficiait du «soutien total» du peuple algérien, malgré le slogan «pas de vote !» résonnant chaque semaine lors des manifestations.
Les Algériens ont également été mécontents des propos tenus par le président par intérim, Abdelkader Bensalah, qui a déclaré au président russe, Vladimir Poutine, que l’ampleur des manifestations était «exagérée». Les images des commentaires diffusés à la télévision RT sont devenues virales sur les médias sociaux. Les Algériens ont déclaré se sentir «humiliés» par les commentaires de Bensalah.