L’Ordre national des médecins vient de porter plainte auprès de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), à l’encontre du journaliste Mohamed Amoura, pour des propos qu’il a tenus dans son émission radiophonique « Hdi Rassek » diffusée sur les ondes de la SNRT, portant atteinte aux médecins du secteur public et privé.
Lors de son émission hebdomadaire « Hdi Rassek » du 24 août dernier, le journaliste Mohamed Amoura avait choisi de traiter le sujet de la « trahison des médecins ». Une émission qui a « porté préjudice aux médecins honnêtes » selon le Dr. El Mountadar Alaoui, secrétaire général national du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP).
Le syndicat se soulève particulièrement contre certains termes et jugements de valeur, utilisés par le présentateur, notamment des propos les accusant d’ « escroquerie et de fraude » ainsi que « l’utilisation de leur savoir médical afin de terrifier et manipuler les patients ».
Dans une plainte de l’Ordre national des médecins envoyée à la HACA, et dont barlamane.com/fr détient une copie, les principaux chefs d’accusation portent sur « diffamation, atteinte à l’honneur d’une profession, insultes et accusations sans preuves, non équilibre de l’information, comportement non déontologique du journaliste qui s’est transformé en procureur, parti pris manifeste du journaliste qui a fait une émission à charge contre la médecine ».
Pour Dr. Alaoui, ces propos sont extrêmement dangereux dans la mesure où « ils entravent la relation de confiance qui doit régner entre le patient et son médecin ». Le fait que l’animateur ait semé le doute autour de la pratique des médecins reste particulièrement injuste à l’égard de « la grande majorité des médecins honnêtes ».
« Nous admettons que le secteur public souffre de plusieurs problèmes, mais force est d’admettre également que c’est un secteur qui est conscient de ses maux et qui travaille dur pour y trouver une solution, continue notre interlocuteur, les médecins du secteur public sont insatisfaits de la situation actuelle du domaine médical public, mais nous essayons de limiter les dégâts autant que possible, en gérant les démissions collectives et en demandant le dialogue avec le ministère de tutelle ».
L’émission a été particulièrement offensante pour les médecins parce qu’elle les « exclut du dialogue ». En effet, « Hdi Rassek » a été réalisée sans la présence d’un seul médecin et a pris le ton d’une incitation assez agressive « sans donner aux médecins l’opportunité de s’expliquer ou se défendre ». Dr. Alaoui affirme qu’à son sens « l’émission avait plus l’air d’un procès populaire où le journaliste a failli à toutes les règles de l’objectivité journalistique. Au lieu de rester neutre et d’instaurer la conversation entre les différentes parties, il s’est contenté d’un seul point de vue et a fait le travail d’un procureur, en portant accusation après l’autre, sans véritable fondement. »
Le secrétaire général admet que « ces cas de fraude existent, mais il est injuste de mettre tous les œufs dans le même panier. De toutes manières, ce ne sont que des cas individuels qui ne représentent même pas 1% de la totalité de la pratique médicale et à l’encontre desquelles il existe des procédures punitives« . Cependant, il juge qu’il est hautement irresponsable et malsain de la part du journaliste de dire au citoyen de « faire son propre diagnostic », que « tout est trouvable sur Google » et « se méfier » de tout [NDLR : en référence à « Hdi Rassek], « le citoyen a besoin du médecin, nous ne pouvons pas lui dire de se méfier de tout, en rendant les pratiques malsaines l’unique gagne-pain des médecins ».
Pour le SIMSP, cette émission n’était qu’une « émanation propagandiste » poussée par « ceux qui ont ruiné le secteur de la santé au Maroc », visant à réduire à néant leur cause et leurs manifestations avec la situation actuelle, ponctuée de grèves, de démissions collectives, et d’absence de dialogue avec le ministère de la Santé.
« Nous ne sommes pas en train d’attaquer l’animateur, mais nous avons porté plainte auprès de la HACA, et nous lui demandons de prendre les mesures nécessaires à l’encontre du média et de l’animateur, pour ne plus porter atteinte à un secteur qui, déjà, se porte mal tout seul », conclut le Dr. Alaoui.