« La régulation des médias dans un environnement numérique, mobile et social : impératifs d’adaptation et enjeux de refondation », tel est le thème d’une conférence organisée aujourd’hui à Rabat à l’initiative de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA).
Les évolutions de fond induites par la révolution digitale ont fait surgir dans l’agenda de différents décideurs des préoccupations nouvelles et pressantes. La transformation numérique a affecté la société, les individus, la culture et l’économie. En dématérialisant l’espace public, elle a en outre, mis les responsables politiques du monde entier face aux règles inédites de fonctionnement et de comportements de cette agora nouvelle génération.
Lors de son allocution d’ouverture, Latifa Akharbach, Présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle du Maroc (HACA), Vice-présidente du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication, a fait savoir que cette conférence a pour objectif de croiser les regards et comparer les perspectives autour de la question de l’adaptation de la régulation des médias à l’ère numérique, sujet qui constitue un défi pressant et un enjeu majeur pour l’ensemble de la communauté des régulateurs de par le monde.
Elle a également souligné le rôle majeur que joue la HACA, dans le cas du Maroc, en tant que régulateur, dans un contexte de négociation et d’échanges directs, on line même, avec les médias, dans le but d’apporter une amélioration au contenu, à la déontologie et à l’éthique. Selon la Présidente de la HACA, « les médias changent de paradigme. La révolution numérique bouleverse les règles du jeu et les positions de forces des principaux acteurs ».
Par ailleurs, les régulateurs subissent une pression croissante des opinions publiques qui ont pris conscience de la nécessité d’une régulation d’internet, à propos notamment de questions telles que la lutte contre le discours de haine, la protection des données personnelles ou encore les périls de l’intelligence artificielle. Toutefois, la Vice-présidente du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication note que les régulateurs des médias ne sont pas les seuls à subir cette pression. Il s’agit également des philosophes et des sociologues. Ces régulateurs se posent des questions d’intérêt général concernant la préservation des consommateurs du danger de la désinformation et de la manipulation.
Pour sa part, Peter Essoka, Président du Conseil national de la communication du Cameroun, Président en exercice du Réseau des instances africaines de régulation de la communication, a noté que le secteur audiovisuel subit un choc de l’offre, et en même temps une invraisemblable compression numérique. Selon lui, tout le monde perçoit évidemment le choc de l’offre, cette explosion de moyens et des supports de diffusion. Ce choc, commencé par la multiplication des chaînes de télévision et des radios il y a trente ans, s’est amplifié avec le développement des services non linéaires gratuits.
Aujourd’hui, l’accès à l’information et à la culture se fait donc au travers de nouveaux canaux de diffusion autres que la seule télévision. Dans ce contexte de transformation importante des usages, de nouveaux acteurs ont investi le champ de la production de contenus audiovisuels pour internet. Ces programmes occupent une place croissante dans l’offre de vidéos disponibles en particulier sur les plateformes de partage de vidéos et les réseaux sociaux. Les téléspectateurs accèdent ainsi à une offre audiovisuelle variée. « Cette révolution technologique se traduit également par une révolution économique qui nécessite une réorganisation de la chaîne des valeurs de l’audiovisuel », a-t-il relevé.
Par ailleurs, M. Essoka a noté que la production audiovisuelle est devenue massive. Mais les modèles de régulation sont inadaptés. Par conséquent, il faut penser à l’exhaustivité du champ de régulation en prenant en compte l’intégralité des acteurs qui alimentent les plateformes de diffusion indirecte.
Quant à Nouri Lajmi, Président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle de la Tunisie, Président en exercice du Réseau francophone des régulateurs des médias, a indiqué que les progrès techniques ont renforcé la place de l’information dans notre quotidien et ses enjeux, désinformation comprise. En effet, les évolutions de fond induites par la révolution digitale ont fait surgir dans l’agenda de différents décideurs des préoccupations nouvelles et pressantes. La transformation numérique a affecté la société, les individus, la culture et l’économie. En dématérialisant l’espace public, elle a en outre, mis les responsables politiques du monde entier face aux règles inédites de fonctionnement et de comportements de cette agora nouvelle génération.
Tout en demeurant entières, les préoccupations classiques des régulateurs sont augmentées de nouvelles responsabilités et exigences, impliquant de nouveaux acteurs et prenant en compte de nouvelles dimensions. « Les régulateurs médias sont en effet tenus, plus que jamais, de renforcer leur action en ce qui concerne la garantie démocratique du pluralisme et de l’expression équitable de tous les courants de pensée et d’opinion, la représentation de la diversité culturelle ainsi que la promotion de la responsabilité sociétale des médias audiovisuels, notamment en matière de respect de la dignité de la personne, de l’égalité des genres et de la protection du jeune public », a-t-il expliqué.
Placé sous le thème de «La régulation des médias dans un environnement numérique, mobile et social, impératifs d’adaptation et enjeux de refondation», cet événement rassemble les régulateurs venus d’Amérique latine, d’Asie, du monde arabe et d’Europe en plus de notre continent, l’Afrique. Plusieurs débats pluralistes et grand angle sont prévus pour décortiquer les problématiques générées par la déferlante numérique et qui appellent à la fois des réponses dans chaque pays et des positions à l’échelle de la communauté internationale.