Les relations entre la France et l’Algérie sont aujourd’hui plus détériorées que jamais. Malgré les efforts du président Emmanuel Macron pour promouvoir une “réconciliation des mémoires”, les tensions se sont intensifiées ces derniers mois, notamment après la reconnaissance par Paris, le 30 juillet, de la souveraineté marocaine sur le Sahara et les fausses allégations algériennes contre Paris.
Le climat diplomatique a connu une nouvelle escalade avec les accusations portées par Alger contre les services de renseignement français (DGSE), suspectés d’avoir «orchestré une opération clandestine pour déstabiliser l’Algérie.» Ces accusations, qualifiées d’ubuesques par les observateurs, rappellent les précédentes polémiques, notamment l’affaire Bouraoui en 2023.
Selon Mélanie Matarese, journaliste et auteur de “Comment la France a (encore) perdu l’Algérie”, cette crise sape un pilier fondamental de la relation bilatérale : la coopération sécuritaire. Depuis juillet, Alger aurait coupé la plupart des canaux de communication avec Paris, y compris entre les services de renseignement. Une situation qui inquiète particulièrement dans un contexte de lutte contre le terrorisme, alors que la France accueillait les Jeux olympiques, a-t-elle affirmé dans un entretien à l’hebdomadaire français L’Express.
“Les attaques répétées contre les services français provoquent des dégâts durables, même au sein de la DGSI et de la DGSE, où la confiance envers l’Algérie est sérieusement ébranlée”, analyse l’experte.
Boualem Sansal, une arrestation symbolique
L’arrestation le 16 novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 75 ans, a suscité une vive émotion en France. Perçue comme une atteinte à la liberté d’expression, elle reflète également les tensions internes au régime algérien.
“Pour les autorités algériennes, cette arrestation répond à une priorité interne : contenir des pressions susceptibles de déstabiliser le pays”, explique Mélanie Matarese. Face à une population jeune, marquée par des besoins criants en logements, emploi et énergie, le gouvernement tente de maintenir un équilibre fragile dans un pays aux dynamiques internes complexes.
Alors que le régime algérien se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale, cette crise avec Paris marque un point culminant dans les relations franco-algériennes, et évoque les défis croissants auxquels fait face Alger, notamment en cas de désengagement de partenaires clés comme la Chine.