La Guardia Civil — naguère force la mieux armée et la plus disciplinée de la dictature de Franco — n’a plus son lustre d’antan, mais la collecte de nombreux récits d’expérience, a permis de décrypter des violences inhumaines exercées par la police espagnoles contre les migrants, lesquelles rappellent l’ère militaire de l’ancien Caudillo d’Espagne.
Des milliers de migrants ont gagné les villes de Sebta et Melilia, dont des centaines à la nage. Selon une vidéo qui circule massivement, des dizaines de migrants sont portés disparus après avoir été jetés à la mer délibérément à l’approche de la côte de Sebta. Des témoignages concordants affirment que la Guardia Civil, impliquée dans la surveillance, l’expulsion et la rétention des migrants, principalement maghrébins et subsahariens, mène une campagne au caractère discriminatoire à l’encontre des candidats à l’exil, qui rappelle la brutalité de la dictature franquiste.
Pour rappel, la Cour européenne des droits de l’homme a épinglé l’Espagne avant quelques années pour l’expulsion sommaire quelques migrants et ses pratiques de refoulements «à chaud» à Sebta et Melilia. Ces méthodes ont fait l’objet d’innombrables et incessantes critiques, tant par les associations espagnoles et internationales que par de multiples instances de l’ONU et du Conseil de l’Europe.
Alors que les agents de la Guardia Civil continuent à procéder à des démarches éculées en dehors de tout cadre légal, plusieurs affaires ont été portées devant les tribunaux espagnols pour contester les violences policières contre les migrants, sans succès jusqu’ici. Dans ce contexte alarmant, la condamnation de l’Espagne par la Cour européenne des droits de l’homme reflète un désaveu puissant aux dispositifs érigés pour repousser les tentatives d’entrée dans les deux villes situées au nord du Maroc. La Cour européenne rappelle sans cesse à Madrid que « es difficultés dans la gestion des flux migratoires ou dans l’accueil des demandeurs d’asile ne peuvent justifier le recours, de sa part, à des pratiques incompatibles avec ses obligations conventionnelles».