Il est curieux que la question posée par le journaliste de EFE concernant le Sahara lors de la conférence de presse d’Antonio Guterres aux Nations unies le 21 janvier courant, n’ait pas fait l’objet d’une dépêche de l’agence de presse espagnole officielle. Elle a pourtant fait couler beaucoup d’encre partout.
Pour rappel, vendredi dernier à New York ainsi que l’avait précédemment publié Barlamane.com, Mario Villar a demandé au Secrétaire général de l’ONU, s’il avait un message à délivrer aux parties concernées pour débloquer le dossier du Sahara. Ce à quoi, Antonio Guterres avait répondu qu’il souhaitait la reprise du processus politique avec toutes les parties.
De cette question posée par son journaliste, nulle trace à EFE. De la réponse, non plus.
Pourtant une dépêche, le jour même, signée par Mario Villar parle de « l’exigence de la coopération des puissances face à un monde en proie à la crise » et l’appel du SG l’ONU en ce sens pour relancer l’économie dans le contexte de la pandémie. Une autre dépêche tirée de cette même conférence de presse concerne la condamnation de la dernière attaque contre le Yemen et l’appel de Guterres à une enquête rapide sur la question. Mais du Sahara, pas une ligne. Nada.
On pourrait se réjouir que EFE n’ait pas agi comme l’AFP qui a détourné les paroles de Guterres en lui faisant dire qu’il appelait le Maroc et le polisario à dialoguer alors qu’il avait clairement impliqué toutes les parties concernées.
Mais en fait, cette impasse en dit long sur la position officielle de Madrid.
Sans plus oser provoquer de crise avec le Maroc et tout en essayant, par des éloges adressées au Royaume par le roi Felipe VI, Sanchez, Albares, d’amadouer le Maroc pour une reprise des relations diplomatiques, l’Espagne reste sur sa propre position et non celle de l’ONU. Celle d’une solution négociée entre le Maroc et le polisario uniquement. Elle a même essayé par le biais de son ministre des Affaires étrangères d’y amener Anthony Blinken, lors de leur rencontre à Washington la semaine dernière liée au futur sommet de l’OTAN qu’organisera l’Espagne. José Manuel Albares n’a pas réussi à forcer la main au secrétaire d’Etat américain pour une déclaration conjointe dans ce sens. Son intention était évidente dans toutes ses sorties médiatiques avant et après la rencontre aux USA. C’était téméraire de vouloir faire plier un Etat souverain qui plus est, la première puissance mondiale.
Ajouter à cet échec diplomatique, l’annonce publique faite par le SG de l’ONU à son agence de presse officielle allant dans le sens du processus politique basé sur le plan d’autonomie, aurait visiblement été insupportable en interne. C’est la seule explication plausible au fait qu’une question qui agite le monde, qui de surcroît a été posée par l’agencier espagnol, n’ait pas été publiée par EFE.
Pourtant, la témérité de l’Espagne vis-vis de décisions souveraines et son manque de clarté dans son rapprochement du Maroc a été non seulement relevée par l’agence de presse espagnole indépendante, Europa Press, mais elle a fait l’objet d’une série de dépêches de cette agence. Dans l’une d’elle, en date du 22 janvier, Europa Press conseille à l’Etat espagnol d’y remédier urgemment car prévient-elle, jouer de la carte OTAN serait plutôt en faveur du Maroc. Europa Press tout en relevant le changement récent en Allemagne sur la question du Sahara commente largement dans cette dépêche les erreurs politiques de l’Espagne vis-à-vis du Maroc, comme persister dans des positions contradictoires et comme avoir autorisé l’entrée clandestine de Brahim Ghali sur son territoire.
Quant aux journaux espagnols, ils déplorent ce 25 janvier, une autre humiliation infligée par Washington à Madrid : Sanchez n’a pas été invité à la visioconférence du lundi 24 janvier sur la crise en Ukraine entre le président des États-Unis, Joe Biden et plusieurs dirigeants européens, alors que l’Espagne s’apprête à accueillir le sommet de l’OTAN, en juin prochain.