Rien n’est de trop pour casser du Maroc. Après les multiples tentatives d’alliances, avortées, entre des extrémistes de la gauche marocaine et une aile des islamistes, notamment celle d’Al Adl Wal Ihssane, voilà que d’anciens taulards pour terrorisme trempent avec le militantisme extrémiste, cherchant une place à l’ombre de la gauche.
Ali Aarrass, l’ex-terroriste Belgo-Marocain condamné à 12 ans de prison, a appelé Omar Radi et Soulaiman Raissouni à ne pas suspendre leur grève la faim. Une énième tentative de s’immiscer dans deux affaires ballottées entre les connivences des uns et les imprévoyances des autres.
L’ex-terroriste Ali Aarrass a appelé les détenus Omar Radi et Soulaiman Raissouni, en détention préventive depuis huit et dix mois dans l’attente de leur jugement, «à ne pas suspendre leur action contestataire», déclarant, dans une vidéo où il peinait à articuler ses mots, «postée par des militants gauchistes», que «l’instruction ouverte à leur encontre est arbitraire» et qu’ils «essuient les rigueurs de l’establishment».
Ali Aarrass a été arrêté à Melilla en 2008 avant d’être extradé par l’Espagne vers le Maroc en 2010 sur la base d’un dossier juridique solide. Il a été condamné en 2011 pour trafic d’armes au profit d’un réseau islamiste à une peine de 12 ans de prison avant d’être libéré en avril 2020. Dans son discours, il se compare à Julian Assange, le cybermilitant australien actuellement maintenu en détention dans une prison de haute sécurité au Royaume-Uni, que le gouvernement britannique refuse d’extrader et dont toutes les demandes de libération ont été refusées.
Ali Aarrass prétend que Omar Radi, impliqué dans une double affaire de viol et d’espionnage et Soulaiman Raissouni, poursuivi pour attentat à la pudeur avec violence et séquestration, doivent leurs démêlés judiciaires à leur «liberté de ton» au moment où les soutiens de ces derniers croient beaucoup trop à l’emploi de l’intimidation pour faire taire leurs victimes.
L’anarchie morale avouée, érigée en système ou déguisée sous le voile d’un militantisme grossier et aveugle, n’impressionne pas Hafsa Boutahar, victime de Omar Radi : «La vérité se manifestera une et évidente. En fait de mauvais moyens, je n’en connais pas de pire que d’appeler les passions à prendre leur part dans l’œuvre propre de la justice. Si nous avons une magistrature libre et indépendante, c’est pour se tenir en dehors et au-dessus des préventions subjectives, c’est pour s’abstraire des suggestions douteuses, c’est pour rétablir les droits de la vérité contre les emportements de l’opinion». Adam Muhammad, victime de Soulaiman Raissouni met en garde contre «toute politisation et tout détournement à travers des arguments de polémique» de son affaire.
Depuis quelque temps, Ali Aarrass et d’autres voix cherchent à s’immiscer dans des affaires portées devant la justice. Mohamed Hajib, autre ex-terroriste notoire vivant en Allemagne, fait tout pour s’inviter au débat en multipliant les clins d’œil à Raissouni, Radi et Mounjib. Le moins que l’on puisse dire est que cela n’honore pas ces derniers. Bien avant eux, la cinquième colonne s’est élargie de Zakaria Moumni, le faux boxeur qui voulait extorquer six millions d’euros à l’État marocain, le soldat Mustapha Adib qui a fini par atterrir sur les plateaux de télévision en Algérie, Dounia Filali qui s’est convertie au militantisme après l’échec de son commerce des poupées gonflables, ou encore le vétéran Aboubakr Jamaï, pour qui l’on a loué à l’année une loge sur France 24 pour dénoncer le régime et «sa presse jaune», etc.
Mais face à ce magma, les autorités marocaines adoptent la ligne sage: «la caravane passe». Omar Radi et Soulaiman Raissouni seront jugés en vertu des lois en vigueur et jouiront d’un procès équitable.