Le ministère de l’intérieur marocain a révélé que des opérations d’extraction de sable dans la région dite de la “zone zéro”, à la frontière nord-est avec l’Algérie, contribuaient à une altération des repères naturels de la frontière. Cette déclaration a été faite lors des travaux de la commission régionale de sécurité, par un représentant de la garnison militaire de la région orientale, en réponse à une interpellation parlementaire.
Selon les informations transmises par le ministère, les extractions concernent spécifiquement une zone appelée “El Arja”. En réaction à ces activités, les autorités marocaines ont pris la décision de suspendre l’exploitation des carrières de sable situées à cet emplacement. Le ministère a également précisé que les propriétaires des camions impliqués dans cette exploitation «conditionnent leur reprise d’activité à la possibilité d’extraire des matériaux de construction sur ce territoire frontalier», en méconnaissance flagrante des dispositions légales régissant l’obtention des autorisations nécessaires pour exercer de telles activités.
La région d’El Arja, un point névralgique de tensions
La zone d’El Arja, située dans la localité d’Oulad Slimane, est l’un des points les plus sensibles de la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Cette sensibilité a été amplifiée en mars 2021 lorsque les forces armées algériennes sont intervenues pour expulser des agriculteurs marocains, en affirmant que la zone concernée se situait sur le territoire algérien. À l’époque, les agriculteurs marocains avaient organisé des manifestations, appelant les autorités à intervenir pour défendre ce qu’ils considéraient comme leurs terres exploitées depuis plusieurs générations.
Cette situation s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes entre les deux pays, marquées par des différends territoriaux remontant à la guerre des Sables, déclenchée en octobre 1963 et conclue par un cessez-le-feu signé le 20 février 1964. Depuis lors, une zone démilitarisée sépare les deux États, sans pour autant apaiser totalement les relations bilatérales, qui demeurent marquées par des rivalités historiques.
Les autorités marocaines s’efforcent de trouver une solution conforme au droit tout en préservant les intérêts des habitants de la région, qui se trouvent au cœur de cet imbroglio politique, économique et humain, aggravé par une surenchère algérienne incessante.