Des milliers de Libanais ont encore manifesté dimanche à travers le Liban, où la contestation contre la classe dirigeante entre dans son deuxième mois sans solution politique en vue, dans un contexte de craintes financières accrues.
Le pays vit depuis le 17 octobre au rythme d’un mouvement populaire inédit contre une classe politique quasi inchangée depuis des décennies, jugée corrompue et incapable de mettre fin au marasme économique. Sous le slogan « Dimanche des Martyrs », en référence aux deux manifestants morts depuis le début de la contestation, des milliers de personnes sont redescendues dans les rues des principales villes, de Tripoli au nord jusqu’à Saïda et Nabatiyé au sud, en passant par Beyrouth.
Les manifestants, dont le mouvement a entraîné la démission le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri, réclament un gouvernement de technocrates indépendants des partis au pouvoir et l’organisation d’élections législatives anticipées. Dimanche, le vent du changement s’est fait ressentir avec le succès d’un indépendant lors des élections d’un nouveau bâtonnier à Beyrouth, face à un candidat soutenu par une coalition de partis au pouvoir. Mais les dirigeants politiques tergiversent toujours autour de la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Cette semaine, le nom de Mohamad Safadi, un richissime homme d’affaires de 75 ans et ancien ministre des Finances, a fuité dans la presse au terme d’un accord entre les divers partis au pouvoir. Cette démarche, qualifiée de « provocation » par les manifestants, a suscité leur colère et poussé l’ex-ministre à renoncer. Le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri a lui accusé dimanche le parti du ministre des Affaires étrangères et gendre du chef de l’Etat, Gebran Bassil, de torpiller la mise sur pied d’un nouveau gouvernement. Il a indiqué qu’il n’envisageait de conserver son poste qu’en cas de formation d’un cabinet de technocrates.






