Les Libanais affichaient mardi leur détermination à ne rien lâcher, avec un sixième jour de rassemblements contre la classe politique, l’annonce la veille de réformes économiques d’urgence n’ayant pas convaincu après des années d’inaction du pouvoir.
Tôt mardi matin, comme si cette annonce n’avait pas eu lieu, de nouveaux barrages ont été érigés sur plusieurs artères du centre de Beyrouth. L’armée a tenté de négocier le déblocage de certains axes routiers, mais a fini par renoncer face à la détermination des manifestants.
Les banques sont restées fermées, prolongeant la paralysie partielle du pays. Et des milliers de manifestants envahissaient dès le début de l’après-midi, comme les jours précédents, les centres de Beyrouth et de Tripoli, la grande cité du nord à majorité sunnite. Un rassemblement s’est aussi formé devant le siège de la Banque centrale du Liban. »Nous ne paierons pas les taxes. Que les banques les payent! », chantaient les manifestants.
Depuis la fin de la guerre civile en 1990, les infrastructures du pays sont restées en déliquescence et les Libanais font toujours face à des coupures quotidiennes d’eau et d’électricité.
Le scepticisme de la foule, mêlé de colère, s’était fait sentir dès l’annonce par Saad Hariri de son plan qui se voulait pourtant spectaculaire : mesures contre la corruption, budget sans nouveaux impôts, programme de privatisations pour lutter contre la gabegie des services publics, aides en faveur des plus défavorisés. Dès le discours du Premier ministre terminé, les slogans-phares de la contestation ont retenti de plus belle, notamment celui réclamant le départ immédiat de l’ensemble de la classe politique.
L’issue du mouvement semblait mardi plus incertaine que jamais. Pour Karim el-Mufti, « un bras de fer » s’est engagé entre la rue et le pouvoir. « L’opinion publique s’est invitée à la table des grands et a bien l’intention d’y rester », estime-t-il. Mais, selon lui, le mouvement manque cruellement à ce stade de figures capables de le représenter pour discuter d’une alternative politique. « Et si le gouvernement, le Parlement et le président ne représentent pas la rue, quelle est l’alternative? », s’interroge-t-il.






