Le système en place est devenu un danger pour le pays, selon Louisa Hanoune, la Secrétaire générale du Parti des Travailleurs.
Les nombreux dysfonctionnements en Algérie sont une expression de la «crise du système» et c’est la raison pour laquelle le Parti des Travailleurs (PT) est actuellement en campagne politique pour une Assemblée Constituante, a affirmé la Secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune.
«Le système en place est devenu un danger pour le pays, car les institutions sont gangrenées par les lobbies», a-t-elle déclaré lors d’une rencontre, tenue le weekend, avec les cadres et les élus du Centre dans le sillage de la consultation qu’avait enclenchée la direction du parti depuis plus de deux mois.
A travers la campagne pour l’assemblée nationale constituante, le parti propose comme perspective de donner la parole au peuple, pour qu’il immunise le pays contre les dangers internes et externes dans un sursaut national pacifique, «ce que le système en place ne saurait faire car en crise majeure», relève Hanoune, dont les propos ont été rapportés par des médias algériens.
Elle a expliqué, à ce propos, que l’assemblée constituante est en rapport avec les élections présidentielles de 2019, l’état de délabrement du pays comme produit de la crise du régime et les développements mondiaux chaotiques, mettant en garde qu’«aller à la Présidentielle dans le cadre du système actuel, c’est la voie de l’aventure».
«Si la situation reste en l’état, si la politique sociale continue à s’aggraver, si la descente aux enfers s’accélère, nous irons très rapidement vers une situation de confrontation», a encore averti Hanoune, estimant que l’assemblée constituante est le moyen d’encadrer cette colère et ces aspirations afin qu’il n’y ait pas de dérapage.
La Secrétaire générale du PT n’a pas caché son pessimisme en soulignant que ce qui anime aujourd’hui le débat en Algérie est la détresse sociale, l’opacité politique, les régressions tous azimuts et les contradictions. Les gens sont très inquiets pour leur sort et celui de leur pays, dit-elle, rappelant l’absence d’indépendance véritable de la justice, de séparation des pouvoirs et une véritable assemblée.
«Depuis 2015, c’est un véritable rouleau compresseur sur le plan économique et social, la violation des droits syndicaux et des libertés. Aujourd’hui, nous constatons un totalitarisme rampant à l’exemple de la menace qui plane sur le droit à l’organisation syndicale et que le ministre du Travail brandit à l’égard de la majorité des syndicats autonomes», déplore-t-elle.
Une situation que Hanoune attribue aux partis de la majorité gouvernementale (FLN et RND) qui, selon elle, portent l’entière responsabilité de cette régression et de cette décomposition sur le terrain politique. «Regardez à quoi est réduite la scène politique nationale à cause de la pollution politique et ces pratiques mafieuses, générées par le mélange effrayant entre les affaires et la politique qui fait que certaines institutions sont caporalisées par les lobbies et la prédation», s’indigne-t-elle encore.
Et d’ajouter que le décret du 5 mars qui érige un simple Comité de suivi du financement non conventionnel en une super institution qui contrôle la mise en œuvre des contre-réformes économiques et sociales en est une autre matérialisation.
Interpellée sur les déclarations contradictoires du Premier ministre Ahmed Ouyahia sur de nombreux sujets d’actualité, la SG du Parti des Travailleurs fait constater que lorsque Ouyahia a été renommé en tant que Premier ministre fin août dernier, il a été plus que pessimiste, en ce sens qu’il avait affirmé que le pays va à vau l’eau et qu’il n’y avait plus rien à attendre, mais en avril, il fait état d’un optimisme béat sans aucune explication.
«Dans ses déclarations le Premier ministre n’a pas parlé des 12.500 milliards de dinars d’impôts impayés jusqu’en 2016 seulement. Des crédits faramineux non remboursés, la surfacturation et la prédation», s’étonne-t-elle, ajoutant que Ouyahia n’a pas dit aux Algériennes et aux Algériens que la planche à billets est accompagnée par des contre-réformes économiques et sociales meurtrières qui vont saccager toutes les conquêtes sociales, dont les subventions en 2019.
Hanoune relève que le premier ministre n’a pas non plus parlé des nouvelles restrictions en matière de recrutement dans la fonction publique, ni du désengagement de l’État en matière de protection sociale et de dépenses de santé publique. Même la politique de logement est ciblée alors que l’assiette fiscale sera élargie sur le plan local, dit-elle, mettant en garde que «c’est un véritable séisme qui se prépare».