Né il y a cinq ans, jour pour jour, durant le Printemps arabe, le Mouvement du 20-Février (M20) n’arrive plus à rassembler, encore moins à convaincre dans un pays où plus de la moitié de la population se soucie plus de gérer un quotidien incertain qu’à écouter des slogans scandés, de temps à autre, par ce melting pot.
Les quelques centaines de manifestants réunis samedi à Rabat, sont conscients du fait que leur mouvement est à bout de souffle, faute d’idées innovatrices et surtout de proposition concrètes. Des idées et propositions à même de contribuer à réduire ces inégalités sociales qu’ils dénoncent et qui ne cessent de se creuser, au lieu de se contenter de manifester occasionnellement pour se faire filmer par les caméras, et s’assurer une info ou un article dans un média étranger, sachant que leur message ne passe plus, ou du moins difficilement, dans les médias de leur propre pays.
Se contenter de sortir épisodiquement dans la rue, dans un pays qui bat le record en matière de manifestations, pour répéter les mêmes slogans et ensuite rentrer chez soi pour prendre l’apéro, ne réglera rien. La bataille des idées se fait sur le terrain politique, et il est temps que le M20 s’exprime autrement que dans la rue et pense à s’érige en parti politique, seule manière à même de jauger sa popularité. Il est temps, qu’il prenne distance également avec des mouvements qui profitent de la religion, ou de leur extrémisme, pour faire passer des messages insidieux, des mouvements tapis dans l’ombre qui craignent la lumière des projecteurs.
Réclamer des réformes politiques et sociales profondes, tout le monde le fait dans ce pays, mais attribuer la responsabilité de l’essoufflement de leur mouvement à la répression dont ce dernier ferait l’objet de la part des autorités, cela revient à pratiquer la politique de l’autruche.
Réclamer le « pouvoir pour le peuple », c’est bien également, encore faut-il qu’on en fasse partie « profondément », et pas de manière circonstancielle. Et puis le peuple, ce mot vague, tout le monde s’arroge le droit de parler en son nom, et personne ne le consulte.
Participer à la lutte contre les inégalités sociales, du genre, ou dans tout autre domaine à caractère social, culturel ou économique, c’est à visage découvert et en assumant sa responsabilité qu’on le fait, et pour ce faire, il n’y a pas mieux que le terrain politique et comme dit le Coran, « falyatanafassou al moutanafissounes ».