‘’Macho Mouchkil’’ (un jeu de mot pour »macho mouchkil », il n’y’a pas de problème) , un projet à caractère artistique et politique courageux et audacieux, mis en place par un groupe de marocains et de marocaines de tout âges et de tous milieux sociaux qui n’ont qu’un seul but en tête, dénoncer le sexisme omniprésent au Maroc.
Le Maroc, tient ils à préciser, est plutôt mal classé en matière de droits de la femme soit 133ème sur 142, juste derrière l’Arabie Saoudite selon le dernier classement annuel sur les inégalités entre les sexes publié par le Forum économique mondial.
Le projet artistique ‘’Macho Mouchkil’’ a été mené par la photographe Julia Kuntzle et a mis en avant les portraits de 50 citoyens marocains des deux sexes, des portraits accompagnés par des histoires personnelles à travers lesquelles ils ont pu raconter le sexisme dont ils ont été victimes.

»Si quelqu’un de ma famille questionne ma mère à mon sujet, elle répond que je poursuis mes études d’économie à Marrakech, alors que je suis en fait danseuse dans une troupe. Je donne des cours, je fais des spectacles et j’en vis plutôt bien. Je suis fière de ma carrière, mais mes parents en ont honte et préfèrent camoufler la vérité, par peur des qu’en-dira-t-on. »

Je trouve que la loi marocaine sur l’héritage, basée sur le Coran, et permettant aux hommes d’hériter du double de la femme, est totalement injuste et dépassée. Beaucoup de gens justifient cette loi par le Coran, en expliquant que les femmes ne travaillaient pas à l’époque. Mais à la base, je trouve que cette loi n’est pas logique, car certaines femmes, comme la future première épouse du prophète, travaillaient déjà il y a 1400 ans.

Mon père a gâché ma vie en la décidant pour moi. Petite, il a interdit à ma mère de m’emmener à l’école. J’ai donc passé toute mon enfance à la maison à attendre et à regarder mes frères aller à l’école. Pourtant nous n’étions pas à la campagne mais à Salé, en banlieue de Rabat, la capitale. Mon père a ensuite décidé de me marier à 13 ans. Il m’a vendue comme du bétail. Lorsque je suis tombée enceinte à 14 ans, j’étais encore une enfant. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait, et je voulais juste jouer avec les autres jeunes de mon âge.

Ici, l’homme, c’est ce mâle, forcément dominant, qui est vénéré. Il n’y a pas de place pour ceux qui veulent exister en dehors de cette loi. Je sais de quoi je parle, parce que j’en ai souffert. A 24 ans, lorsque j’étais encore étudiant, la voisine du dessous, qui avait un tas de problèmes et qui était mon amie, a affirmé que je l’avais déflorée. C’était totalement faux, mais sous la pression de nos deux familles, j’ai été obligé de me marier avec elle.
À noter que ces portraits seront exposés en 2016 à Paris et à Rabat en partenariat avec le mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I)






