Les groupes internationaux et régionaux condamnent le recours à la force meurtrière lors des manifestations alors que la crise politique s’aggrave dans me pays.
Les puissances internationales et régionales ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’aggravation de la crise politique au Mali, condamnant le recours à la force meurtrière contre les manifestants antigouvernementaux et appelant à la retenue.
Vendredi et samedi, des manifestations sanglantes ont éclaté dans la capitale Bamako, selon des informations selon lesquelles les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles lors d’affrontements avec des manifestants, dont certains avaient occupé des bâtiments publics.
Dans un communiqué publié dimanche soir, des représentants des Nations Unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine et du bloc ouest-africain de la CEDEAO ont condamné « toute forme de violence comme moyen de résolution de crise ».
Ils ont dénoncé le recours à la force meurtrière par les forces de sécurité et exhorté au dialogue, mais ont averti que l’arrestation des chefs de file des protestations constituait un obstacle à cela.
Plusieurs personnalités de l’opposition ont été arrêtées ces derniers jours, alors que le gouvernement réprimait le Mouvement du 5 juin, une alliance d’opposition de la société politique, religieuse et civile exploitant des griefs concernant l’aggravation de la situation en matière de sécurité, des problèmes économiques et une corruption perçue du gouvernement.
Le mouvement de protestation a mis le président Ibrahim Boubacar Keita sous une immense pression, insistant sur sa démission malgré un certain nombre de concessions offertes par l’homme de 75 ans dans le but de résoudre l’escalade de la crise.
Connue sous le nom de M5-RFP, l’alliance de l’opposition a appelé à la « désobéissance civile », y compris le non-paiement des amendes et le blocage de l’entrée dans les bâtiments de l’État.
« Nous pouvons vraiment trouver et obtenir tout ce que nous voulons grâce à la patience et au bon comportement », a déclaré dimanche le principal dirigeant du M5-RFP, le prédicateur musulman influent Mahmoud Dicko.
Le gouvernement a reconnu que quatre personnes avaient été tuées vendredi. L’opposition a déclaré que les policiers avaient tué au moins huit autres personnes lors de petites manifestations samedi.
Un haut responsable d’un service des urgences d’un grand hôpital de Bamako a été cité par l’agence de presse AFP selon lequel 11 personnes sont mortes et 124 blessées depuis vendredi.
Les puissances internationales et régionales craignent que les troubles politiques au Mali ne sapent leurs campagnes militaires contre une multitude de groupes armés dans la région sahélienne élargie de l’Afrique de l’Ouest.
Le pays de quelque 19 millions d’habitants est plongé dans un conflit depuis 2012, lorsqu’un soulèvement de séparatistes touaregs a éclaté dans le nord. La rébellion a été rapidement dépassée par des groupes armés qui ont étendu leur portée au Sahel malgré la présence de milliers de troupes régionales et internationales, dont plus de 13 000 soldats de maintien de la paix au Mali.
Alors que les querelles politiques se poursuivent à Bamako, les combattants font des ravages dans le centre du pays, où quelque 600 civils ont été tués jusqu’à présent cette année dans les troubles, notamment des attaques de groupes armés et des violences intercommunautaires.