D’anciennes images de manifestations ont été ressorties en les faisant passer pour des protestations actuelles. Au delà de l’intentionnalité persuasive monolithique et unilatérale mise en œuvre, le danger de ces infiltrations paraît bien réel.
Ceux qui voulaient afficher leur mécontentement contre les annonces du gouvernement sur le passe sanitaire, la vaccination ont manifesté dimanche au Maroc au nom de «la liberté». Les réseaux sociaux comme la presse, surtout algérienne, n’ont pas toujours fait preuve de la plus grande rigueur dans les informations diffusées. Certaines images diffusées sont trompeuses, parfois bien antérieures aux manifestations de ce dimanche, ou actuelles mais présentées sous de fausses couleurs.
Ce mardi, le quotidien algérien Echourouk, récemment épinglé par la diplomatie russe, continue malgré tout de jouer un rôle clef dans la viralité des divers contenus mensongers liés au Maroc. L’organe propagandiste a allégué que les cortèges qui avaient manifesté en fin de semaine «ont échappé à l’encadrement des forces de l’ordre» entraînant «quelques incidents graves», voire «des dizaines de blessés». Cela survient après que les sources de Barlamane.com ont débusqué plusieurs pages algériennes qui agissaient «de manière coordonnée en mettant en ligne des vidéos liées aux manifestations au Maroc». Une image, diffusée par Echourouk, n’a rien à voir avec les événements : il s’agit, comme l’ont immédiatement remarqué plusieurs spécialistes, d’un cliché issu d’une manifestation ayant eu lieu dans le nord en 2017.
En l’occurrence, la désinformation portée par les médias du régime algérien consiste notamment à inventer des faits ; à fabriquer la réalité ou des preuves (des images photoshopées ou détournées) ; ou encore à inverser des propos ou des actions. Pour les manifestations contre le passe sanitaire, la mécanique est rôdée. D’abord, d’influents comptes algériens sur les réseaux sociaux promeuvent le rassemblement. En se faisant passer pour de simples militants, ils contactent des individus pour les convaincre d’y assister. Ils ont même inventé un discours assertif qui rejette ou supprime à la longue toute possibilité de critique ou de compréhension et qui tisse un maillage d’images presque sans parole, pour stigmatiser les institutions marocaines.
La décision du gouvernement d’instaurer le passe sanitaire sans préavis a suscité une certaine indignation sur les réseaux sociaux, alimentant des débats animés entre pro et antivax. Un «collectif citoyen», constitué de personnalités de tous bords, a initié une pétition sur internet, qui a recueilli des milliers de signatures, dénonçant la mise en place «arbitraire» du passe sanitaire. Toutefois, ce collectif a marqué ses distances d’avec les contenus fallacieux associés à son action publique.
Lieux clos, établissements hôteliers et touristiques, restaurants, cafés, commerces, salles de sport sont désormais soumis à l’obligation du passe. Ce dernier est également exigé pour accéder aux administrations publiques, semi-publiques et privées et aux sites touristiques. Enfin, le passe est de rigueur pour quitter le Maroc ou pour se déplacer entre les préfectures et les provinces.
Le Maroc, où la courbe des contaminations et de la mortalité décroît, a pour objectif d’immuniser 80 % de la population (soit 30 millions de personnes). Plus de 22,1 millions de Marocains ont déjà reçu leur deuxième dose de vaccin. Le gouvernement a élargi ce 2 novembre sa campagne de vaccination à d’autres groupes face au risque «probable» d’une quatrième vague de contaminations au coronavirus.






