L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée, à plusieurs reprises, d’une poussée du covid-19 sur le continent africain, là où la population n’a même pas les armes les plus basiques pour se protéger, à savoir l’eau courante et le savon.
Se laver les mains régulièrement avec de l’eau et du savon est l’une mesure de protection de base contre le coronavirus. Pourtant, en Afrique, plus de 258 millions d’habitants sont encore dépourvus d’un accès à l’eau potable et les problèmes d’assainissement coûteraient jusqu’à 5% de PIB à l’Afrique subsaharienne.
Selon l’OMS, les maladies infectieuses d’origine hydrique provoquent 3,2 millions de morts par an, soit l’équivalent de 6 % des décès dans le monde et enfin, entre 70 % et 80% des maladies sont imputées à la mauvaise qualité de l’eau en Afrique. Dans quelques régions reculées ou quartiers déshérités en Afrique, l’état des installations sanitaires et la pénurie d’eau font aussi craindre une propagation rapide du covid-19. Ainsi, se laver les mains régulièrement, l’un des premiers gestes barrière contre la contagion, est inaccessible à des millions de personnes en Afrique.
Au début de l’expansion de la pandémie du covid-19, le continent pensait être immunisé contre le coronavirus. Mais plus d’un mois après l’annonce d’un premier cas au Caire [NDLR : le 14 février], le continent compte déjà plus de 1.100 cas, dont 26 morts dans près de 40 pays, selon le dernier bilan publié par le Centre africain de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
L’Afrique souffre avant tout d’un manque d’infrastructures de distribution et d’assainissement qui permettraient aux populations d’accéder à l’eau potable. Elle pâtit aussi de la vétusté et de la dégradation des installations existantes, ainsi que de défaillances dans leur gestion. Les pays les plus touchés par ce manque d’eau potable sont : l’Érythrée (1 cas confirmé positif au covid-19), l’Éthiopie (11 cas), le Djibouti (1 cas), la Somalie (1 cas), le Kenya (15 cas), l’Ouganda (1 cas), la Tanzanie (12 cas), le Rwanda (19 cas) et le Burundi (0 cas).
Certaines populations n’ont pas ainsi l’eau courante, n’ont pas les moyens d’acheter du savon, et ne réalisent pas l’importance de ce geste simple pour se protéger. En Afrique subsaharienne, 63% des habitants des zones urbaines, soit 258 millions de personnes, ne peuvent pas se laver les mains, selon l’UNICEF. Au moment où les hôpitaux européens réclament des respirateurs, des pays africains cherchent du savon. Face à cette situation critique, plusieurs organismes onusiens et humanitaires distribuent à des millions de personnes du savon et des gels antiseptiques. Toutefois, l’accès à l’eau pour ces populations reste toujours difficile.
Pour le moment, la pandémie n’a pas encore poussé les gouvernements à renforcer les systèmes d’assainissement et les messages d’information sur le lavage des mains qui peut sauver des vies. De plus en plus de pays du continent prennent des mesures, certes, strictes, telles que le confinement, l’interdiction de rassemblements, la fermeture des écoles, des bars, des restaurants et la fermeture des frontières. Mais, il faut aujourd’hui investir pour développer l’accès à l’eau potable sur le continent pour tenter d’endiguer la pandémie.