Le Parlement marocain et des députés européens ont dénoncé vendredi 11 juin la résolution du Parlement européen accusant le Maroc d’utiliser les migrants mineurs comme un «moyen de pression politique», après un récent afflux migratoire dans la ville de Sebta.
Un texte «qui mettra en péril les relations Maroc-UE» s’est indigné Tomáš Zdechovský, homme politique tchèque et député européen. Jeudi, le Parlement européen a adopté un texte proposé par des parlementaires espagnols, rejetant «l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un État membre de l’Union» européenne (UE).
Aymeric Chauprade, géopolitologue et ancien eurodéputé français, a dénoncé la résolution avec des termes vifs. «L’UE a montré sa capacité forte à détruire ses propres intérêts stratégiques et sa propre sécurité en votant cette résolution stupide contre le Maroc. La gauche espagnole avait tendu un piège au PE : il est tombé les deux pieds dedans!». D’autres députés en exercice ont réclamé de discuter l’hospitalisation de Brahim Ghali à Logroño (nord), la cause, selon eux, qui a fait déclencher une crise diplomatique à rebondissements entre l’Espagne et le Maroc.
Le bureau du Parlement marocain, lui, a «dénoncé le contenu de cette résolution contenant de nombreuses contrevérités» et «réitère le statut juridique» de Sebta, qu’il qualifie de «ville marocaine occupée», selon une déclaration après une réunion d’urgence dans la capitale Rabat. La résolution adoptée par le Parlement européen n’a pas de caractère contraignant pour le Maroc. Pour le ministère marocain des Affaires étrangères, cette résolution «ne change rien à la nature politique de la crise bilatérale entre le Maroc et l’Espagne». «Le problème demeure avec l’Espagne, tant que les raisons de son déclenchement n’ont pas été résolues», a-t-il ajouté dans un communiqué.
La diplomatie marocaine, elle, a contesté, le 11 juin, les tentatives espagnoles d’impliquer de tierces parties dans le conflit actuel.
Début juin, le Maroc s’est dit disposé à collaborer avec les pays européens et l’UE pour «le règlement définitive» de la question des mineurs marocains en situation irrégulière en Europe. Nombre de pays européens ont salué la volonté du roi Mohammed VI de «régler définitivement» la question des mineurs en situation irrégulière en Europe, laquelle a été perçue comme un geste d’apaisement encensé à Bruxelles puis à Paris. Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, reparti début juin en Algérie après avoir été entendu par la justice espagnole dans le cadre de deux plaintes pour «tortures » et «génocide», un point crucial que le Parlement européen a préféré passer à la trappe.






