Officiellement, «certaines denrées alimentaires, telles que les fruits, la viande rouge et les épices, auraient vu leurs prix augmenter, en raison de la sécheresse et de la hausse des coûts de production», mais la réalité est tout autre : le système de commercialisation des denrées alimentaires est accaparé par les intermédiaires qui gagnent «quatre à cinq fois plus que la valeur de cession» et «s’octroient des marges qui peuvent atteindre 100%», d’après les producteurs de fruits et légumes. L’exécutif marocain a promis que les prix vont bientôt baisser, mais ses engagements sont restées vides.
Comment expliquer ce qui se passe sur les marchés marocains de produits alimentaires et l’envolée actuelle des prix (qui dépasse 70 % des prix normaux) dans un contexte de sécheresse chronique ? L’élément confirmé est bien l’existence de pressions à la hausse qui entraînent à la fois une montée des cours et un accroissement de leur volatilité. La meilleure illustration de cette réalité est le prix détonnant des fruits, des légumes, des volailles, de la viande, et même des sardines et des figues de barbarie.
«L’alimentation est régie par la règle de l’offre et de la demande», prétend le gouvernement, le même qui avait suspendu en 2023 l’exportation de certains produits, notamment les tomates pour approvisionner le marché local, provoquant les protestations d’associations professionnelles. Le ministre de l’agriculture Mohamed Sadiki a attribué le bond des prix alimentaires à «des facteurs externes et conjoncturels», sans jamais les énumérer malgré la fronde sociale qui augmente de plus en plus.
Cette spéculation à grande échelle et cette différence flagrante entre le prix réel et le prix courant par rapport à certaines denrées interrogent le bien-fondé du Plan Maroc vert (PMV) (rebaptisé Génération Green pour la période 2020-2030), devenu accro aux exportations de fruits et légumes au détriment du marché local et des très réclamées «souveraineté alimentaire et industrie semencière.» Selon la Banque mondiale, la croissance devrait ralentir à 2,9 % en 2024, en raison d’un secteur agricole faible.
En août, le taux d’inflation au Maroc s’établit à 1,8 % sur une base annuelle. Ce chiffre marque une augmentation par rapport aux mois précédents due surtout à la hausse des prix des produits alimentaires, qui ont grimpé de 1,7 % sur un an.