Dirigeant du Parti populaire, Pablo Casado (PP, opposition) a accusé Pedro Sánchez de suivre un exercice pour le moins chaotique du pouvoir tout en l’appelant à inaugurer un changement de fond des orientations de la politique étrangère espagnole après la dernière crise avec le Maroc.
Les débarquements de milliers d’immigrés sur les côtes de Sebta ont implosé la classe politique espagnole. Pour l’opposition, le gouvernement n’avait aucune raison de compromettre les relations avec le Maroc, affirmant que Rabat obéit au plus impérieux instinct de défense dans l’affaire Brahim Ghali. Pablo Casado, chef du parti populaire, dit avoir compris de bonne heure et vu venir de loin cette crise inévitable qui déplaçait insensiblement le centre de gravité de tout le système politique.
Selon lui, quelques symptômes en avaient été visibles d’assez bonne heure. Avant d’éclater, le refroidissement de Madrid à l’égard du soutien accordé à l’intégrité territoriale du Maroc s’était trahi par quelques indices assez clairs, auxquels il avait eu le tort de ne pas prêter une attention suffisante.
Dans son intervention au Parlement lors de la session d’interpellation du gouvernement, le chef de l’opposition Pablo Casado (PP) s’est adressé au chef du gouvernement Pedro Sanchez (PSOE): «l’Espagne traverse la pire crise migratoire avec le Maroc. Je vous ai appelé hier pour vous transmettre mon soutien et j’ai insisté sur la nécessité de renforcer notre armée et les relations avec le Maroc. (…) c’est la chronique d’une crise annoncée».
La question de l’immigration devient un véritable thème de politique intérieure en Espagne. Le gouvernement peine à orienter en effet clairement sa politique de l’immigration vers les questions de contrôle et les moyens accordés à la Guardia Civil devenant au fil du temps moins adaptés et moins performants cristallisent les tensions.
Pablo Casado a abordé la question des zones de passage de l’immigration clandestine visible – et donc médiatisée – constituée des deux villes de Sebta et Melilia. «On a tiré la sonnette d’alarme sur les erreurs diplomatiques du gouvernement depuis des années. On vous a tendu la main mais vous avez choisi la radicalité de Podemos. Vous ne pouviez pas défendre l’intégrité nationale tandis que vous négociez l’autodétermination de la Catalogne avec ses partenaires républicains indépendantistes d’ERC.»
Dans sa réplique, le président du gouvernement Pedro Sanchez a affirmé: «Je pense que j’étais suffisamment clair. Soutenez-vous ou pas le gouvernement d’Espagne ? On a eu la matinée (d’hier) une conversation privée par téléphone et vous m’avez assuré de votre soutien mais aujourd’hui vous affirmez le contraire. Ça passe toujours comme ça avec vous, vous utilisez n’importe calamité comme la pandémie, la crise avec le Maroc, pour tenter de renverser le gouvernement. On est face à une opposition déloyale contre les intérêts suprêmes de l’Etat. C’est un moment où l’Espagne fait face à un défi d’un pays tiers, le Maroc, et on veut savoir de quel côté se situe le principal parti de l’opposition.»