La commission d’enquête parlementaire entamera ses auditions afin de révéler les multiples systèmes de réalisation de marchés publics pratiqués sous l’ère de l’ex-président, qui a quitté le pouvoir en 2018.
Après plusieurs heures de débats mouvementés, l’Assemblée nationale mauritanienne a décidé de se saisir du dossier de l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, et qui s’est ensuite fait élire en 2009, puis réélire en 2014 lors d’un scrutin contesté, rejeté par les principaux partis d’opposition.
Alors que les députés mauritaniens doivent fixer les modalités de cette commission d’enquête, cette initiative fait suite aux scandales dans des marchés publics révélés par plusieurs opposants et associations de la société civile.
Elle comptera neuf membres choisis en fonction du poids de chaque groupe à l’Assemblée, rendra sa copie dans six mois et va enquêter sur sept affaires de malversations et d’irrégularités supposées au sein de structures étatiques, durant la dernière décennie, et dans plusieurs secteurs, tels que l’urbanisme, l’énergie ou l’équipement.
Le rôle de cette commission est d’enquêter si le président, soupçonné de recourir à des méthodes illicites pour peser dans des contrats publics est coupable, sans pour autant pouvoir les juger. Elle pourra, en revanche, pousser la justice à entamer une enquête plus approfondie.
Cette commission, qui entendrait ministres, députés, chefs d’entreprises ou encore banquiers, a été acceptée par le parti au pouvoir. «Ce type de commission devrait être de la routine parlementaire», commente le député Boydiel Ould Houmeid pour RFI, mais il reconnait cependant que « dans l’atmosphère actuelle, cette commission est très politique». Au terme de ses travaux, la commission d’enquête dévoilera ses conclusions, qui pourraient peut-être entraîner des suites judiciaires.