La ville de Salé abritera, du 16 au 21 septembre, la 13ème édition du Festival International du Film de Femmes de Salé (FIFFS). Il s’agit d’un rendez-vous cinéphile de grande facture qui a été créé en 2004 et a trouvé son rythme de croisière, annuel depuis 2009.
Ce festival de grande envergure rassemble chaque année une constellation d’artistes, de cinéastes et de cinéphiles qui chérissent particulièrement le septième art. Au commencement, il a été conçu pour accueillir des films de réalisatrices, aujourd’hui, il accueille également des films de réalisateurs, permettant ainsi au regard des unes et des autres de se croiser sur les femmes.
En effet, le FIFFS, dans sa conception actuelle, participe au rayonnement culturel et à la renaissance de la ville de Salé, longtemps considérée comme étant une cité-dortoir. D’ailleurs, Mekki Zouaoui, économiste érudit, militant culturel et membre dirigeant de l’Association Bouregreg, confirme que le FIFFS est une manifestation culturelle qui redore l’image de Salé.
« Ce qui se passe à Salé, se passe ailleurs. Un festival de ce niveau rejaillit naturellement sur une ville qui en dispose ». Cependant, Salé n’est pas bien perçue pour des raisons multiples », a-t-il déclaré, tout en soulignant que cette image “délétère” doit être « peaufinée ». « Associer l’image de Salé » à « une image culturelle », « à un modèle porteur » et « plus engagé » semble être un bon conducteur pour contribuer à l’embellissement de cette image.
« Il ne faut plus coller à cette image un peu dépassée de ville-dortoir qui se situe à côté de Rabat. Je ne veux pas dire par là que le festival de Salé a été élaboré essentiellement pour créer une nouvelle image de la ville. Il a été aussi conçu pour prendre part au renouvellement du cinéma au Maroc également, compte tenu du fait que la télévision et les réseaux sociaux font concurrence actuellement au septième art« , a-t-il précisé.
Au Maroc, les quelques salles de cinéma qui sont encore ouvertes au grand public sont au bord de la faillite ou dans un état déplorable. Certaines sont même abandonnées et désertées. « Les gens ne vont plus aux salles de cinéma, ou le font rarement. Il s’agit d’un cercle vicieux. Aujourd’hui, les salles de cinéma se dégradent », déplore le militant culturel et l’amoureux de sa ville.
Mekki Zouaoui fait savoir clairement que « l’un des mérites du FIFFS » est qu’il a su juguler cette hémorragie d’une certaine manière vu que la salle de cinéma de Hollywood a été récupérée par l’Association Bouregreg, même si cette salle a « été abandonnée pratiquement à un moment donné ». En effet, l’association Bouregreg, grâce à plusieurs partenaires, a réussi à la restaurer et à la renouveler en faisant d’elle un centre culturel au-delà du cinéma.
Pour que « le cinéma et la cause des femmes soient une affaire de tout le monde, les cérémonies d’ouverture et de clôture du FIFFS se font dans ce cinéma », qui se situe dans un quartier défavorisé de la ville. « Ceci est extrêmement important, c’est peut-être l’un des rares festivals qui proposent que ses cérémonies d’ouverture et de clôture se passent dans un quartier populaire, nous sommes très ravis du choix que nous avons fait », a-t-il précisé, tout en indiquant que ce cinéma, devenu par la suite également un centre culturel, est géré par une entité de l’association Bouregreg. Il propose des activités artistiques multiples et régulières.
L’équipe du festival a choisi de prendre fait et cause pour la femme. Par le biais de cette manifestation culturelle, l’équipe chargée de l’organisation du festival espère changer l’image de la femme dans notre société qui est « encore très conservatrice ». Le Maroc resterait sous-développé si la perception du rôle de la femme ne change pas. « Cela participe à tout un effort de développement », a-t-il précisé. Les thèmes abordés chaque année diffèrent. Cependant, ils s’articulent tous autour de la lutte contre les inégalités, les injustices, la démagogie, l’hypocrisie et la haine.
Cette année comme chaque année, le jury de cette compétition, est composé de femmes. « C’est notre choix depuis le départ. Il s’agit d’un jury international cosmopolite. Il est composé de femmes connues dans le monde du cinéma par leur expertise et leur professionnalisme. Le festival a été présidé par des personnalités importantes du monde arabe et d’Europe. Côté marocain comme chaque année une ou deux femmes sont sélectionnées pour faire partie du jury », a-t-il déclaré. Une question de proportionnalité.
Aujourd’hui, l’image du FIFFS a gagné en visibilité et en crédibilité. « Quand on invite des cinéastes ou des acteurs, il suffit juste de leur montrer ce qui s’est passé auparavant, Nul besoin d’un dossier. La liste du jury, de cinéastes et de films ayant concouru, témoigne de la crédibilité et du sérieux du festival », explique Mekki Zouaoui.
Le FIFFS espère projeter un cinéma engagé d’une certaine manière. Il est temps de regarder le monde avec les yeux d’autrui au lieu d’yeux réducteurs et malheureusement souvent infamants. « C’est un engagement qui va dans le sens de la modernité. C’est en quelque sorte un cinéma engagé parce qu’il s’inscrit dans cette modernité, dans cette mondialisation qui touche le secteur du cinéma, à laquelle on voudrait participer pleinement sans complexe avec nos acteurs, nos cinéastes et nos faibles moyens. On souhaite aussi faire la promotion du cinéma marocain », conclut l’activiste culturel.