S’il y a une quelconque leçon à retenir de l’échec de la tentative de coup d’état meurtrier ayant secoué la Turquie la nuit dernière, c’est, d’abord, la façon avec laquelle le peuple turc a défendu comme un seul homme, la légitimité, et ensuite, le soutien des pays démocratiques, dont le Maroc, à cette même légitimité.
Mais force est de retenir également la réaction du parti de la Justice et du Développement (PJD) le marocain bien sûr, et non le turc.
Abdelilalh Benkirane, le chef du Gouvernement et dirigeant du PJD, n’a-t-il pas dit et redit que son parti n’est pas la voix de son maître d’Ankara, affirmant, urbi et orbi, son indépendance vis-à-vis le PJD turc et ce, en dépit des relations, plus qu’évidentes et parfois souterraines, entre les deux formations politiques ?. Et puis, qu’en est-il des mesures prises par Benkirane et son ministre de l’équipement Abdelaziz Rabbah, des mesures dont aucun pays n’a bénéficié, pour faciliter l’entrée et l’invasion du capital et des hommes d’affaires turcs dans le tissu économique national marocain ? Quid de leur tentative de créer, en vain, une nouvelle fédération d’entrepreneurs marocains comprenant leurs amis pour contrer la confédération traditionnelle que préside Meriem Bensalah.
Aujourd’hui on voit Benkiarne et son parti pondre un communiqué félicitant le régime et le peuple turcs pour avoir mis en échec la tentative du coup de force militaire, tout comme certains des dirigeants du parti de la Lampe, dont Abdelaziz Rabbah et Mohamed Yatim ainsi que Khalid Rahmouni, qui se sont exprimés dans le même sens.
Dans toutes ces sorties, on détecte des messages clairs adressés aux décideurs en Turquie réaffirmant leur solidarité et l’unité du destin, et d’autres messages, à peine voilés, ayant pour destinataires des parties marocaines que Benkirane et ses frères pensent qu’elles le combattent. Dans ces différents messages, il apparaît clairement que le PJD marocain en appelle à la protection de son grand frère turc, qu’il utilise même comme épouvantail pour un deuxième mandat. La différence entre les partis turc et marocain, c’est le recours du premier à sa base pour continuer à gérer les affaires des turcs, alors que le second, voit le mal partout et doute de tout, y compris des électeurs qui l’ont pourtant porté au pouvoir, et qui brandit la menace de son amitié et de son alliance avec une puissance étrangère pour obtenir un deuxième mandat.
Benkirane a réitéré récemment qu’il n’est pas en contradiction avec le roi Mohammed VI en matière de politique étrangère car faisant partie des prérogatives du roi, selon ses dires. Alors pourquoi a-t-il publié un communiqué de solidarité signé au nom de son parti et adressé au régime d’Erdogan et à son peuple ? Benkirane n’aurait-il pu se contenter du communiqué du ministère des affaires étrangères qui fait partie du gouvernement officiel qu’il dit connaitre et diriger ?
Il est du droit du peuple marocain de se demander si le gouvernement de l’ombre dont a parlé Benkirane récemment, n’est autre que celui du PJD qui a publié un communiqué parallèle à celui du ministère des affaires étrangères.
Toutes les réactions internationale contre la tentative de coup d’état en Turquie émanent de gouvernements et d’état et non pas des partis. Barack Obama a réagi au nom des américains et non du parti Démocrate. Il en est de même de l’Allemagne, la France et Athènes, entre autres pays, mais Benkirane, lui, a voulu se distinguer. comprend qui veut !
En plus, a-t-on jamais vu Benkirane et son parti adresser des messages de solidarité aux pays ayant été victimes de tragédies et de catastrophes ? Pourquoi n’ont-ils pas adressé un message de solidarité aux chefs d’état français, belge, ivoirien, burkinabè, irakien, tunisien, nigérian, nigérien, tchadien, camerounais, et kenyan, pour ne citer que ceux-là, et à leurs partis politiques suite aux actes terroristes qui ont secoué leurs pays ?
Peut-être que le parti de la Lampe et son dirigeant ignorent que chaque pays a ses spécificités : Le Maroc est le Maroc, la Turquie est la Turquie, et ni Benkirane, ni Yatim, encore moins Rahmouni pourront imposer la réalité sociologique turque au Maroc.
Alors de grâce, arrêtez de vous courber l’échine devant le parti d’Erdogan en lui exprimant votre loyalisme, et sachez, une fois pour toutes, que les marocains sont tout, sauf naïfs.